EXPOS

Derniers jours de L’Inca

19 août 2015

Magnifique expo au musée du Quai Branly qui risque de passer inaperçue car elle est programmée entre le 23 juin et le 20 septembre, à cheval sur les vacances. Pour que ce ne soit pas seulement les touristes qui y aillent, voici un petit avant-goût de L’Inca et le Conquistador.

Tout d’abord il faut dire que cette exposition L’Inca et le Conquistador est particulièrement réussie. En effet, même les visiteurs qui ne connaissent rien à l’Amérique latine, à l’Espagne et à la conquête du Nouveau Monde vont comprendre ce qui s’est passé là. Cela tient à la clarté des explications et à leur intelligence. Il nous est arrivé de regretter la prétention de certaines expos qui semblent parfois réservées à une poignée d’initiés, il est donc naturel de féliciter ce travail.

Les murs de Cuzco

L’Inca en question est Atahualpa et le conquistador, Francisco Pizarro dont le moins que l’on puisse dire est que sa réputation est controversée. Nous partons donc au Pérou en 1532, durant le règne de Charles Quint. L’empire inca s’étend sur près de 4000 km, du sud de la Colombie au Chili, avec Cuzco pour capitale. Ceux et celles qui ont eu la chance d’en parcourir les rues et découvrir les fameuses murailles cyclopéennes, gigantesques puzzles en 3D, ajustés et polis au micron près, murailles qui ont résisté aux tremblements de terre, ont ressenti cette impression de puissance et de technicité que donne cette civilisation.

Frères ennemis

L’exposition n’est pas formidablement riche, ne serait-ce que parce que les ouvrages les plus impressionnants ne sont pas transportables ! Les passages creusés dans la montagne pour parvenir à un site, les systèmes d’adduction d’eau, les terrasses et les "observatoires" sont restés là-bas mais ce qu’il y a est suffisamment bien expliqué et mis en valeur pour comprendre que ce qui s’est passé alors a été le choc de deux mondes, deux empires. Si l’Espagne a gagné, c’est indubitablement parce que la succession du souverain inca est disputée entre deux frères ennemis, Huascar et Atahualpa, prêts à tout pour avoir le pouvoir.

Sacrilèges

Quant à Pizarro, l’exposition est relativement indulgente à son égard : rappelons qu’un tableau de la cathédrale de Cuzco représente la CèneJudas a le visage très reconnaissable du conquistador. Mais les motifs d’incompréhension entre les deux ennemis ne manquaient pas : Atahualpa jette une Bible à terre et Pizarro refuse de trinquer et boire dans une aquila. Geste sans importance pour l’un et sacrilège pour l’autre...
Aujourd’hui dans un geste d’apaisement, l’historien péruvien José Antonio del Busto dit :"Nous ne sommes ni des vainqueurs ni des vaincus, nous sommes les descendants des vainqueurs et des vaincus"

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