SOCIETE

Le scandale Lizot

15 mars 2015

Quand l’université française ferme les yeux sur le comportement sexuel de certains, au nom du droit à la vie privée. Quand un grand linguiste se repose sur ses lauriers sans qu’aucune enquête n’ait eu lieu sur une grave accusation de pédophilie et de prostitution.

On reproche avec juste raison à l’Eglise catholique d’avoir fermé les yeux sur la pédophilie de certains de ses membres. J’ai moi-même le souvenir d’avoir alerté un collège connu de la rive gauche sur les agissements d’un conseiller-accompagnateur et d’avoir été renvoyée à mon ménage et autres préoccupations "féminines" sur le thème "M. A aime beaucoup les enfants, c’est tout". Bref, M. A a été jugé et condamné quelques années plus tard. Mais cette aveuglement est-il réservé à l’Eglise ? Qu’en est-il de l’université ?

Le scandale étouffé

Récemment, un documentaire sur Arte parle de l’affaire de Jacques Lizot [1] chez les Yanomami. Il n’y a rien de plus à dire que de le regarder. D’entendre les témoignages de ces Indiens qui racontent comment ce linguiste du CNRS a abusé d’eux au point qu’il a laissé son nom, lizo, à des figurines de cire au sexe dressé ! Son dictionnaire offre de curieuses approximations, ce qu’a remarqué une autre ethno-linguiste de l’Université de Caracas, Marie-Claude Mattei-Muller : le mot "frotter" devenait chez Lizot "frotter le sexe" !
Apparemment tout le monde était au courant, les autorités vénézuéliennes, les missionnaires salésiens mais personne n’a rien dit parce que Jacques Lizot était un disciple de Levi-Strauss ! Spécialiste du Moyen-Orient, le grand anthropologue l’a poussé à changer de terrain pour étudier les Yanomami. Il avait un visa permanent pour aller et venir et était strictement intouchable. Pendant 20 ans il a fait ce qu’il voulait avec les jeunes garçons, échangeant des faveurs sexuelles contre des fusils et des moteurs hors-bord !

Aveuglement corporatiste

Un article du Monde du 2 octobre 2000 faisait une allusion très soft à l’affaire : " Jacques Lizot se serait entouré de jeunes boys parmi les Yanomamis " ! On dirait presque un spectacle de Jacques Chazot. Il s’était défendu en accusant les missionnaires évangélistes de manipulation. Tout ceci ne l’a pas empêché de faire une brillante carrière : son livre (1976) Le Cercle des Feux, Faits et dits des Indiens Yanomami, a été publié au Seuil et a reçu le prix Estrade-Delcros de l’Académie Française. Il y est question d’"explorations ludiques" : "à l’occasion enfants et adolescents ne dédaignent pas de se livrer à la sodomie" [2] Relire cet ouvrage à la lumière de ces révélations met extrêmement mal à l’aise. Quand à Claude Levi-Strauss, on dira qu’il avait la vue bien basse !

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