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Charlie et les autres

12 janvier 2015

Oubliés les cris scandés de "CRS SS !" Oubliés le mépris, la défiance, l’agressivité à l’égard de la police. Oubliés les soupçons, oubliées les accusations... nos policiers, gendarmes, super-gendarmes, fonctionnaires de la BRI et autres, on les aime ! Et ça, c’est peut-être la plus grosse surprise.

Hier, nous avons participé à une manif où les forces de police étaient applaudies, si, si ! Après les soupçons de détester les jeunes, les Arabes, les Noirs, les mal rasés, de les jeter dans des casemates pleines d’électricité et/ ou de rats, de cafards et de vomi, on les adore. Ils sont courageux, beaux, musclés dans leurs jolis habits de samouraïs, ils risquent leur vie pour nous, bisous, câlins ! Il y en a qui doivent se pincer.

Glaciation arctique

C’est la première leçon de cette magnifique manifestation dont il serait faux de dire que c’était une marche car il était impossible de marcher. Le flux des manifestants s’est très vite engourdi, figé comme du caramel qui refroidit ou de la sauce de gigot d’agneau. On avait vaguement pensé à aller directement à Nation pour avoir une place mais cela semblait un peu "mauvais joueur".Tous n’ont pas eu les mêmes scrupules visiblement parce qu’à 15h tout était solidifié, plus rien ne bougeait, entre... Arts et Métiers et la place de la République puis celle de la Nation.

Turbigo bloqué


L’avantage de Paris est qu’il y a toujours des choses à découvrir : rue de Turbigo par exemple est né Pierre Mendès-France en 1907, au coin de la rue du Vert Bois. Plus ou moins. Au 79, il y a, au premier étage, un gourmand pathologique ou un marchand de bonbons qui a arrosé la foule de confiserie. Il y a aussi le lycée Turgot et un petit hôtel à la jolie typo orientale, avec des salles de bains dans les chambres, à côté d’une boutique Emmaüs.
Chacun se sentait journaliste grâce à Charlie et prenait des photos de la foule. Pour quoi ? Pour qui ? Pour tante Ginette à Laval ? Pour dire "j’y étais". Un petit garçon sur les épaules de son père nous a fait une estimation à la louche " Quatre milliards ! Il y a quatre milliards de personnes !" D’autres avaient "Charlie" écrit sur leur front.

Courage fuyons !

Très vite, on s’est aperçu que l’on ne pouvait avancer que dans la mesure où certains quittaient la place de la République, découragés par cette immobilité digne de l’ère glaciaire. Cela ne remuait que peu, la foule semblait engluée, bloquée mais de bonne humeur. "A gauche, à gauche, il y a du mouvement". Au début, les fuyards se glissaient le long des façades mais avec le temps qui passait, le soir qui tombait et le froid qui montait, ils se jetaient au milieu du flot pris en glace et traçaient leur route sans honte ni pudeur. "Maison !" On sentait que certains rêvaient de thé chaud et pantoufles larges.

Stephen Fry

On a vu la statue de la République à l’horizon. On a vu Nagui se glisser comme une anguille vers sa tasse de thé sans doute. On a reconnu Stephen Fry qui dépassait la foule d’une bonne tête et s ’amusait des lancers de bonbons... les Anglais adorent se faire un peu peur dans les manifestations françaises. Et on a rebroussé chemin. Mendès-France, le lycée Turgot, les Arts et Métiers, la rue Greneta, jusqu’à Montorgueil et le RER B qui roulait à la perfection et nous a ramenés, nous et notre amour des forces de l’ordre, au chaud !
On y était les enfants !

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