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Centrafrique : l’indifférence mondiale

23 juillet 2013

Le Mali a passionné les foules. L’intervention française a été saluée et même si, aujourd’hui, il y aurait sans doute beaucoup à dire de la situation dans ce pays, il demeure au cœur des préoccupations mondiales. Non loin un petit drame quotidien empire de jour en jour, de coup d’état en coup d’état : la Centrafrique s’enfonce dans l’indifférence générale.

Le 11 janvier 2013 commence l’intervention militaire au Mali, la France retient son souffle dans cette espèce de crise patriotique qui accompagne toujours un déploiement de notre armée. Ils sont quand même valeureux nos petits soldats, non ? Mais personne n’a noté, et surtout pas la presse, qu’en décembre, la France a envoyé environ 400 soldats en Centrafrique. Et ils y sont toujours pour "sécuriser l’aéroport" de Bangui. Et ils n’ont pas empêché le renversement du général Bozizé, lui-même arrivé à ce poste par un coup d’état. Il a été remplacé par la Seleka, une coalition de rebelles dirigée par des seigneurs de la guerre qui terrorisent la population de toute la région.

Un pays laissé à lui-même

La Centrafrique est typiquement un pays orphelin de l’aide au développement : en effet, les gouvernements successifs ont été tellement incompétents et prévaricateurs que plus personne ne peut, ni ne veut les aider. Même l’aide humanitaire d’urgence a du mal à fonctionner et il est impossible de faire le moindre projet. Tout indique que l’éducation et la santé régressent dans ce pays en survie, grand comme la France et peuplé de seulement 5 millions d’habitants. Au quotidien, on assiste à un retour à la vie traditionnelle, tant bien que mal, tant que les Centrafricains ne sont pas exécutés ou spoliés par des hommes en armes !

Des rebelles impitoyables

Areva a laissé tomber, pour l’instant, toute idée d’exploiter l’uranium du gisement de Bakouma, du fait de l’effondrement des cours mondiaux, mais aussi parce que la zone est attaquée par une des plus cruelles rébellions d’Afrique, la LRA [1] venue d’Ouganda. Les Américains essaient de lutter contre ce mouvement, en appui des troupes africaines, mais sont aussi inefficaces que les Français qui aident depuis plusieurs années une force d’Afrique Centrale, la MICOPAX [2] qui va être remplacée par des contingents de l’Union Africaine.

Mauvais souvenirs

La FIDH [3] et Human Rights Watch ont dénoncé les crimes de la Seleka et l’ONU semble prête à bouger mais l’indifférence reste palpable. La France, elle, est absolument paralysée dès qu’il s’agit de Centrafrique, pays qui nous rappelle des pires heures de la Françafrique depuis le couronnement de Bokassa. En dehors cette honte, il faut dire que ce pays n’est pas important mondialement et même si certains rebelles sont musulmans, il n’y a pas de risque de terrorisme. C’est avant tout une crise humanitaire relativement peu importante en raison de sa faible population, une crise qui n’est liée ni à la sécheresse, ni à une famine : la Centrafrique a un climat particulièrement favorable à l’agriculture. Cette crise est la conséquence directe de la disparition de l’état et des services publics.
La Centrafrique tourne le dos à l’avenir dans l’indifférence générale.

[1Lord’s Resistance Army, Armée de Résistance du Seigneur

[2Mission Régionale de Consolidation de la Paix

[3Fédérarion Internationale des Ligues des Droits de l’Homme

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