ENVIRONNEMENT

Mauvaise humeur

25 avril 2013

Il y a des matins où les nouvelles sont un peu désespérantes. Nous éviterons de parler pour le n+ unième fois du “mariage pour tous” qui plombe tous les journaux, la planète a peut-être d’autres choses à nous dire. Un peu d’écologie pratique ? Réflexion sur une attitude insupportable aujourd’hui.

Au journal d’Europe 1 il était question d’un fonctionnaire de Véolia viré de son entreprise car il ne voulait plus couper l’eau aux gens trop pauvres pour payer. Il ne se prenait pas pour Robin des Bois mais juste pour un être “humain” si ce mot a encore un sens. L’humanité, ça peut être beau.

En France, il existe des familles qui n’ont plus l’accès à l’eau tandis que, toujours en France, une entreprise comme EDF, en plus de son Espace Electra, dans la très exclusive impasse Récamier, a des fonds disponibles pour faire publier un livre d’une centaine de photos pour l’offrir à qui veut et se faire sa pub sur le thème du développement durable. Sous le titre de A Sustainable Journey. Je l’ai reçu à la journée de présentation à la presse de la Fête de la Nature qui sera dédiée cette année aux “petites bêtes” et il y avait des chariots entiers de ce “beau livre” selon les critères des maisons d’édition : j’aurais pu en offrir à tous les habitants de mon immeuble.
Quand on pense à ce que cela a coûté en bois, on pense à toutes les petites abeilles sauvages qui auraient pu y trouver asile. A tous les écureuils roux qui auraient pu s’y gaver de pommes de pin. A l’électricité que cela aurait économisé, à l’eau, à la colle et au kérosène…

Ce livre ressemble aux portfolios de photographes dans "M du Monde", du vide signifiant, du rien interpellant, avec une grosse dose d’ego de celui ou celle qui n’accepte pas d’être juste quelqu’un qui promeut EDF et essaie d’entrer dans l’univers fascinant des créateurs. Pour parler de raréfaction des ressources, de pression démographique, de consommation croissante d’énergie, on fabrique pour gagner ses galons d’artiste un néant visuel qui coûte de toute façon trop cher pour ce que c’est. Le photographe, un génie précoce bien sûr, est allé à Rio, à Beyrouth, au Laos, à Ravenne, dans le marais poitevin, au Botswana, en Guyane mais aussi en salle d’op à l’hôpital Saint-Louis, ça c’est la caution humaniste, pour dire que, sans l’électricité, le chirurgien dont on voit le beau regard implorant ne sauverait pas cette vie qui file par des petits tuyaux remplis d’un liquide rouge…

De photos coupées en flous artistique, de plans bizarres genre “coulisse d’un défilé de Marc Jacobs” en obscurité lourde de sens, on rêve de remonter le temps, d’entendre Laurence Tubiana, responsable et auteur, dire : “on renonce à ce bidule promotionnel et on consacre l’argent à n’importe quoi d’humainement et/ou écologiquement plus utile”, ce qui ne devrait pas être compliqué. Mais peut-être un peu trop modeste.
En attendant, cela va servir de cahier de gribouillage et de découpage à un petit enfant ce qui est mieux que la poubelle directement. Mais pas tellement.

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