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La chute de Petraeus

12 novembre 2012

Parfois, un évènement nous donne une curieuse impression de déjà-vu. La démission du général David Petraeus de son poste de directeur de la CIA nous embarque dans une histoire qui mérite d’être décryptée.

On a tous vu cette scène : le patron emblématique d’on-ne-sait-quel bureau ou centre de recherches mystérieux et hyper-sensible fait son jogging au bord du Tidal Basin à Washington DC, ou dans Central Park. Il est beau malgré son visage sévère et fait furieusement penser à un héros d’Harlequin ou des Fifty Shades of Grey. De séries U.S. aussi. Il transpire mais pas trop quand il se fait doubler par une sublime gazelle, casquette qui laisse s’échapper quelques boucles, et walkman sur les oreilles. Indifférente bien sûr. Hé hé hé ! C’est ainsi que tout a commencé pour David Petraeus, patron de la CIA. Nous on aurait pu le lui dire : « N’y va pas et viens manger un double sundae avec moi ! » Mais non, il court, la rattrape, elle a fait West Point aussi et elle est championne de triathlon.

Pour bien comprendre le gros scandale qui secoue l’Amérique, il faut savoir que patron de la CIA correspond à un poste qui n’existe plus en France, puisque le SDECE a été coupé en deux après la guerre du Golfe, entre DGSE et DGM. Aujourd’hui, comme le disait déjà Clinton, on apprend plus en lisant le journal et en consultant internet qu’en lisant les dépêches des agences de renseignement. Mais la supériorité de la DGSE et de la CIA sur la presse, c’est le service action. Jamais on ne verra Laurent Joffrin ou Alexis Brézet poser une bombe sur le Rainbow Warrior !

Quant à David Petraeus, il est vu comme le général intellectuel, celui qui applique la théorie de la contre-insurrection, « gagner les cœurs et les esprits ». Il s’agit de remporter la victoire en construisant des hôpitaux, des écoles, des ponts, des routes… Théorie française à l’origine, appliquée par Gallieni à Madagascar, Liautey au Maroc et plus tard en Algérie. D’ailleurs, le héros de Petraeus est français. Il s’agit du lieutenant-colonel Galula, quasiment inconnu ici, dont le livre, Contre-insurrection, théorie et pratique, rédigé en 1963 aux Etats-Unis n’a été traduit en France qu’en 2008 avec une préface de David Petraeus. Comme la contre-insurrection a marché en Irak, Obama a envoyé Petraeus en Afghanistan où cela a échoué. Tout comme l’augmentation des troupes. Il fallait trouver un point de chute honorable au général et ce fut la CIA.

Voici le héros américain qui a présenté sa démission pour avoir trompé sa femme avec la ravissante joggeuse et athlète de l’armée, devenue sa biographe. Cela a commencé par « Cours après moi que je t’attrape » et cela s’est fini au lit. Ce qui a mis le feu aux poudres sont de mails plus chauds que la 51ème nuance de Grey, découverts par le FBI qui contrôlait la sécurité de Petraeus. Par hasard.
C’était dans quelle série déjà ?

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