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Réponse à Claude Guéant
8 février 2012
En s’opposant à l’ « idéologie relativiste de gauche » pour affirmer que « toutes les civilisations ne se valent pas » Claude Guéant a commis une double confusion : entre « culture » et « civilisation » d’une part ; entre position politique et démarche scientifique de l’autre.
Dans un débat sur ces propos qui devient de plus en plus malsain, il est indispensable de rappeler que l’idée que toutes les cultures se valent n’est nullement un choix politique, mais un principe scientifique fondateur de l’ « anthropologie sociale », ou « ethnologie » comme on l’appelait le plus souvent naguère.
Cette science dont le développement s’est effectué dès le XIXe siècle, en la dissociant peu à peu d’une « sociologie » également naissante, a pour objet, contrairement à l’histoire ou à l’archéologie, d’étudier les différents peuples du monde dans leur aspect strictement « contemporain », c’est-à-dire tels qu’ils sont aujourd’hui ou qu’ils étaient dans un passé récent et tels qu’ils évoluent en ce moment sous nos yeux.
La notion de « culture », qui définit les différentes manifestations d’un comportement de groupe particulier, des conceptions intellectuelles aux institutions socio-politiques et aux productions matérielles (« artefacts »), est centrale pour identifier les différences entre les peuples et les communautés. Les anthropologues préfèrent ce terme à celui de « civilisation », qui fait doublon en restant très utilisé par les historiens ou les archéologues, mais qui a le défaut d’être équivoque : dès lors que l’on parle, comme on le fait tous les jours, de « grandes civilisations » et même de « civilisations supérieures », on hiérarchise ainsi implicitement les relations entre les diverses cultures.
Or, l’anthropologie sociale tient plus que tout à échapper à son « erreur de jeunesse », l’interprétation évolutionniste des différentes cultures. Celle-ci, qui prédominait au XIXe siècle, est devenue la principale justification du colonialisme, au nom d’une prétendue « mission civilisatrice » de l’Occident, présenté alors comme le stade suprême d’évolution de l’humanité. Les deux guerres mondiales ont prouvé que la barbarie était partagée et que l’Occident avait vécu dans l’illusion d’une interprétation « ethnocentriste », c’est-à-dire tournée exclusivement vers sa propre échelle de valeurs.
Traiter par principe scientifique toutes les « cultures » ou « civilisations » comme égales est donc indispensable afin de les étudier aussi complètement et objectivement que possible. Cela ne revient pas cependant à justifier les chambres à gaz, au nom de la cohérence interne d’une « culture nazi », ou encore à accepter les dénis des droits fondamentaux effectués au nom des traditions. Parallèlement, il n’y a pas lieu de dénoncer le « relativisme culturel » comme une « idéologie de gauche » : c’est bel et bien un principe scientifique fondamental, aussi neutre politiquement que celui de la « relativité générale » d’Albert Einstein pour la physique.
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