Joachim et les autres

18 décembre 2011

Etrange société que la nôtre qui ne sait plus que la terre, pas l’humus, non, la terre, notre planète, continue à faire la pluie et le beau temps malgré le génie humain. Malgré les avancées des sciences et techniques, c’est toujours elle qui finit par gagner.

Superman nous voici

Avec ce qui n’est pas toujours un progrès, nous avons fini par nous croire surpuissant. A l’abri de toute surprise. La météo, la nature, la maladie, notre corps même, nous voulons tout contrôler, d’où cette incompréhension doublée de fureur et un grand sentiment d’injustice quand un ruisseau se gonfle de pluie et envahit des rues. Quand nos vacances sont foutues à cause d’un volcan au nom imprononçable. Quand un coup de froid le jour des départs en vacances coince nos voitures au péage. Quand une avalanche déboule d’un sommet. Quand une vague de 15 mètres met à mal une centrale nucléaire prévue pour supporter les vagues de 5 mètres. On porte plainte ? On demande un dédommagement à l’état ?
Indignation aussi quand la mort frappe des malades soignés par nos services hospitaliers les plus avancés. On fait un procès ?

La tentation suprême

Indignation aussi quand on n’a pas le physique que l’on pense mériter et c’est peut-être dans ces domaines que l’homme s’est le plus pris pour un dieu.

Il redresse ce qui n’est pas en accord avec l’image véhiculée çà et là, il coupe, il allonge, il modèle : Pygmalion est un mythe plus solidement ancré que jamais car le professeur Higgins dispose d’armes plus puissantes que des cours de diction et des robes de couturier. Le professeur Higgins intervient dans la chair même et corrige un visage en trois coups de scalpel et une seringue de Botox ! Enivrant, non ?
Il n’est pas question ici de faire le procès de la chirurgie esthétique mais d’en rappeler les limites. Oui on peut inventer d’improbables visages mais, en dehors de la performance, est-ce une bonne idée ? Il suffit de peu pour quitter la réalité et se retrouver héros involontaire d’un scénario de science fiction avec des savants géniaux et/ou fous. Jamais nous ne sommes sentis aussi près d’avoir des super pouvoirs : et si on n’était plus malade ? Et si on était tous beaux ? Tous intelligents ? Et si on ne mourrait plus ? La surpuissance a envahi notre quotidien à travers films et jeux vidéo et certains ne semblent ne plus s’étonner de rien.

Un peu de modestie ?

Alors oui, nous avons fait des progrès formidables, des progrès qui soignent, sauvent, protègent mais in fine il ne faut jamais bafouer la nature. La montagne continuera à noyer sous la neige les chalets bâtis sur le chemin des avalanches et les skieurs qui bravent les interdictions, et la mer engloutira des chalutiers qui sortent quand la météo prévoit du gros temps. Il fallait écouter les marins du Finistère parler de la tempête pour comprendre ce que doit être notre attitude. Les tempêtes font parti de leur vie et Joachim ne les effrayait pas particulièrement. Ils avaient tous une grande modestie face aux éléments et c’est cela que beaucoup d’entre nous ont perdu.
Comme le dit l’inspecteur Harry, philosophe zen bien connu : « l’homme sage est celui qui connaît ses limites ».

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