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Le Mali, un an après

1er juin 2014

Vous ne comprenez rien à ce qui se passe au Mali ? C’est normal. Personne n’y arrive et les spécialistes sont fatigués. Depuis l’opération Serval, l’humeur a changé : tout le monde y croyait, le FMI, l’ONU, la France et aujourd’hui chacun se replie entre désespoir et extrême lassitude.

Le Mali, on l’aime et on l’aide. Ses habitants ont une réputation de sérieux et d’hospitalité.

IBK remplace ATT [1]

On a donc volé à leur secours et l’élection présidentielle a suscité bien des espoirs malgré les réticences des experts qui craignaient un simple retour à une démocratie de façade sans traiter les problèmes de fond. Notamment le problème du dialogue avec les Touaregs et d’autres populations du Nord. Une fois élu, le président I.B.K , un vieux routier de la politique locale, s’est compromis avec Michel Tomi, considéré comme le « parrain des parrains » du milieu corse en Afrique. Il a scandalisé les démocrates locaux en favorisant son fils et s’est acheté un nouvel avion présidentiel avec l’argent des donneurs d’aide, très généreux après l’intervention française (ils ont promis de plus de 3 milliards de $ en 2013). Ni le FMI ni les intellectuels maliens n’apprécient tout ça.

Le Valls malien

I.B.K. a également nommé Moussa Mara, l’étoile montante de la vie politique, un jeune et fringant quadra à la manière de Manuel Valls, en mars 2014. Moussa Mara a décidé, an allant lui-même à Kidal sous la seule protection de l’armée malienne , d’aller montrer que le gouvernement tenait tout le pays. En quelques heures le 17 mai, il s’est trouvé pris au piège : le palais du gouverneur a été attaqué par le mouvement rebelle touareg MNLA qui a pris des otages avant de les relâcher. L’armée malienne a subi une première défaite ce jour-là et une seconde le 21 lorsque le MNLA s’est emparé définitivement de Kidal et de quelques autres localités du nord.
Le 23 mai, le président mauritanien s’est rendu à Kidal. Il est parvenu à faire signer un cessez-le-feu entre l’armée malienne et trois mouvements rebelles dont le MNLA.

Le poids des nationalistes

Mais il y a eu des manifestations à Bamako contre la France et l’ONU car c’est l’opinion très nationaliste qui a poussé le gouvernement et l’armée à la faute en réclamant depuis des mois le contrôle absolu de Kidal. Le gouvernement malien face aux critiques a affirmé qu’il n’avait pas donné l’ordre à l’armée d’attaquer Kidal lors de la visite du Premier ministre ce qui est évidemment presque pire que de reconnaître sa responsabilité.

Retour à la case “départ”

Un an après l’intervention française et celle de l’ONU, le Mali est donc de retour à la case départ avec la sixième crise au sujet des Touaregs depuis l’indépendance. Tout le monde demande le dialogue, y compris les Algériens qui propose d’accueillir une X ème négociation de paix. Précisons que Kidal fait économiquement partie de l’Algérie dans la mesure où tout arrive de Tamanrasset, des pâtes à l’essence. D’ailleurs les gens de Bamako ne s’intéressent pas à l’extrême nord, vide et très éloigné. Rappelons que la province de Kidal fait la moitié de la superficie de la France, ne compte que 70 000 habitants et se trouve à 1500 Km de la capitale… A l’évidence, le sud ne peut pas contrôler directement de tels espaces sans l’assentiment des populations mais les nationalistes maliens sont perdus dans un rêve jacobin hérité de la France.

[1Ibrahim Boubakar Keita et Amadou Toumani Touré

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