Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 80 Puits d’amour (suite)

    Il se gara en double file, courut dans la boutique et en acheta deux. À travers la vitrine, il remarqua qu’elle souriait paisiblement en l’attendant. Il posa le paquet soigneusement ficelé sur ses genoux et démarra. Elle entreprit de s’attaquer au ruban pendant qu’il cherchait une place près de son immeuble. On aurait dit qu’elle faisait ça tous les après-midi.
    Quand il eut arrêté sa voiture, elle descendit l’air préoccupé comme si les puits d’amour lui avaient vraiment donné du fil à retordre. (...)

  • 81 Amour et puits d’amour

    Elle lui jeta un œil inquisiteur :
    “Tu viens ou on mange les puits d’amour maintenant ?”
    “Il n’y a qu’un puits d’amour qui me tente vraiment.”
    “Il t’attend.”
    Sa voix s’étouffa brusquement et il se jeta sur elle tout en essayant de se déshabiller le plus rapidement possible.
    Elle fut dans l’amour ce qu’elle était dans la vie, à la fois passionnément présente et un peu lointaine, fondant dans ses bras et s’éclipsant dans le même mouvement. Douce et impitoyable. L’inspecteur Beaudoin se dit qu’il ne pourrait (...)

  • 82 Amour toujours

    Elle se redressa et le fixa d’un œil froid tout à coup.
    “Ne dis pas cela s’il te plait. C’est faux même si tu ne t’en rends pas compte. Je suis ici aujourd’hui mais tu ne sais pas qui sera à ma place demain.”
    “Si : toi ou personne,” répondit-il comme un enfant buté.
    Elle lui sourit avec indulgence.
    “Quel bébé tu fais ! D’accord pour demain mais disons… dans quelques temps.”
    Comme il allait lui jurer que jamais il n’y aurait d’autre femme qu’elle, elle laissa glisser la couette et apparut, sculpturale et il (...)

  • 83 La concierge est dans la cour

    “C’est la police, madame, inspecteur Beaudoin. Il parait que vous souhaitiez que l’on passe…”
    La grosse dame qui ouvrit semblait sortir d’Un Américain à Paris. The French concierge. Et comme dans un film, elle lui sourit largement tout en geignant vaguement au sujet de cet appentis dans la cour qui servait à ranger les outils du jardinier.
    “Vous comprenez, madame Delarue m’avait demandé de le mettre à la disposition de son jardinier personnel mais il serait plus utile pourles poussettes d’enfants ou (...)

  • 84 Le jardinier de Moisillon

    La gendarmerie de Nogent-le-Rotrou avait dû passer le matin appréhender Marcel Blain, jardinier personnel de Lucile Delarue, et sur la route glissante qui les menait à Moisillon, Vogel et Beaudoin essayaient de comprendre comment ils étaient passés à côté de cette piste.
    “Ce sont ces histoires de chantage qui nous ont obnubilés.”
    “Les histoires de cul aussi.”
    “Oui, mais des dossiers secrets, c’est excitant.”
    “Et les vidéos pornos ?”
    “Pas très excitant, non…Plutôt glauque.”
    “De toutes façons, on ne (...)

  • 85 L’amateur de lupins

    Il se tut, apparemment décidé à s’arrêter là.
    “Oui mais, pourquoi l’a-t-il tué ?”
    “Aucune idée. Il faut lui demander. Mais c’est pas de chance : il doit être au milieu de l’océan pour l’instant,” conclut-il avec un rien de sarcasme dans la voix.
    “Ecoutez, Interpol, ça existe et on peut parfaitement le faire cueillir à Terre-Neuve ou Saint-Pierre-et-Miquelon,” déclara Vogel agacé.“ J’imagine que vous connaissez l’adresse de son cousin ?”
    “Il est à Fécamp. Il a le même nom. C’est dans le Minitel, non ?”
    Voyant (...)

  • 86 Pommiers de discorde

    En faisant le tour de la demeure, ils imaginaient la touffeur dégagée par les radiateurs ouverts à fond, les moquettes épaisses cachant les tommettes, les canapés couverts de chintz fleuri, les rideaux et doubles-rideaux, les chambrières, les juponnages et finalement le petit cabinet calfeutré. Ils arrivèrent à l’endroit où elle avait décidé de faire construire une serre à orchidées. Derrière la haie d’aubépines et de fusains, on apercevait les pommiers attaqués par le gui et la mousse qui tendaient au ciel (...)

  • 87 Alex a disparu

    Le lendemain, Beaudoin reprit l’escalier qui montait à l’enclave féminine du groupe. A son entrée aux Boutiques, il nota que Ginette s’était installé sur le sous-fesse fleuri de Lucile et que la photo d’un persan avait remplacé Schéhérazade, le gouttière au panier de lézard gris. Il vit l’œil interrogateur se fixer sur lui dans le rétroviseur géant et une immense lassitude le prit. Il jeta un regard circulaire et aperçut Laetitia de Neuville, Marie Bouillot et Vanessa Schmidt. Claudine, la jolie secrétaire (...)

  • 88 Adieu Madame !

    Le matin, il décida qu’elle était certainement partie en reportage pour la semaine et qu’elle allait ressurgir d’un moment à l’autre. Cette idée l’encouragea à nettoyer un peu son appartement qui commençait à ressembler à une cage de babouin. Vers deux heures, il se sentait tellement optimiste qu’il prit son téléphone. Elle décrocha immédiatement :
    “Oui ?” Elle avait le ton de quelqu’un que l’on dérange.
    “C’est moi. Tu es en ligne ?”
    “Oui, rappelle-moi plus tard : j’ai beaucoup de coups de fil à passer.” (...)

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