Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 51 La diva du people

    Il n’était pas si simple de faire une visite de courtoisie à Marcel Saunders. Quand les deux policiers arrivèrent rue du Caire, le patron était à l’imprimerie en banlieue. Vogel décida de rester à l’étage directorial et envoya Beaudoin se promener chez ses "groupies de l’immeuble voisin".
    Quand il pénétra à la rubrique "Boutiques", il les retrouva telles qu’il les avait laissées : Claudine et son demi-sourire au dessus de l’écran de l’ordinateur, Marie Bouillot furetant d’un placard à l’autre comme une (...)

  • 52 Les Paris de Daniela de L.

    La secrétaire affolée devant le crime de lèse-Lombroso ne savait où donner de la traduction.
    “Vous pourriez peut-être demander un rendez-vous ?”
    “Non. Je suis ici et madame de Lombroso aussi. Cela tombe bien non ?” déclara-t-il en posant ses mains à plat sur le bureau sous le nez de la diva.
    “Who are you young man ?” finit-elle par articuler en levant des yeux charbonneux vers lui. Trop de rouge à lèvres filait aux commissures, trop de fond de teint s’incrustait par paquet dans les rides, trop de (...)

  • 53 Entrevue avec Saunders

    Jeanne Riguidel le tira de ses rêveries
    “Le commissaire vient d’appeler pour que vous le rejoigniez au bureau de M. Saunders. Un homme charmant...”
    “Qui ça ? Vogel ?” demanda-t-il, exaspéré par l’onctuosité du ton de l’autre. Il faudrait qu’il lui trouve un rôle dans son scénario.
    “Oui, certainement, mais je parlais de M. Saunders. Vous comprenez, je suis très bien avec lui. C’est lui qui m’a signé mon contrat.”
    “Vous avez bien de la chance, en effet, d’être appréciée d’un homme aussi remarquable,” (...)

  • 54 Chantage à la petite semaine

    “J’ai pourtant entendu dire que vous étiez intervenu personnellement et de façon répétée pour maintenir Madame Delarue en place.”
    Saunders leva une paupière à peine intéressée.
    “Quoi de plus normal : finalement c’était elle la joie de vivre de ce pauvre Lannois.”
    “C’est donc pour Lannois que vous alliez arbitrer ces querelles avec Madame Liévin, Madame Riguidel et je-ne-sais-qui encore.”
    “Vous voulez le savoir ? Ces bonnes femmes m’horripilent mais c’est vrai que Lannois était très attaché à sa grosse (...)

  • 55 Alex disparait

    L’enquête entra dans une période de latence : Vogel et Beaudoin qui avaient beaucoup misé sur l’hypothèse Saunders se retrouvaient, non pas tout à fait au point de départ, mais dans une incertitude ennuyée. Rien ne leur prouvait que Saunders n’avait pas chargé quelqu’un de tuer Lucile tandis qu’il était entre la Guadeloupe et Paris. Il était même assez peu vraisemblable qu’il soit venu lui-même trucider la dame mais le dossier leur avait été retiré et ils n’avaient pas d’autre choix que de chercher ailleurs. (...)

  • Les feuilles mortes se ramassent...

    Quand il sortit du journal, la pluie continuait à strier les façades mal entretenues. Il s’achemina sans y penser vers les jardins du Palais-Royal, il était d’humeur flâneuse tant avait été violent son soulagement de savoir Alex en bonne santé. Il avait envie de l’appeler mais il ne savait pas quelle raison trouver. Il ne pouvait lui expliquer les dessous de l’affaire Saunders même si elle avait dû en deviner la plupart. Il lui était difficile aussi de laisser un message sur son répondeur pour (...)

  • 57 Rendez-vous au Luxembourg

    Les arcades du Palais-Royal le conduisirent doucement vers les guichets du Louvre puis vers la Seine. La rive gauche lui sembla tout à coup extrêmement précieuse avec ses rues étroites bordées d’antiquaires et de galeries. Il avait envie d’en connaître les impasses tranquilles, les porches s’ouvrant sur des cours plantées d’hortensias, les heures de grâce où le soleil se couche sur la coupole du Val-de-Grâce et enflamme les chrysanthèmes du Luxembourg. Il voulait marcher dans les feuilles craquantes et (...)

  • 58 A l’ombre de Velléda

    Il n’avait aucune idée de l’emplacement de la statue de Velléda mais partit au pas de course vers le jardin. La pluie avait cessé et, en remontant la rue Bonaparte, il se trouva d’une audace stupéfiante. Elle avait ri et avait accepté. Et pas parce qu’il était un flic. Elle avait peut-être aussi envie de se promener dans les feuilles rousses.
    En passant les grilles, il commença à scruter les statues. La première sur la droite était un homme luttant visiblement pour s’extirper d’un mur de pierre, à (...)

  • 59 Baiser de glace

    “C’est moi qui vous mets dans cet état ?” demanda-t-elle tout à coup.
    “Quel état ?” aboya-t-il, surpris par sa propre voix rauque.
    “A votre avis ?”
    Elle le regardait maintenant droit dans les yeux et il vit les petites taches dorées dans les pupilles grises. Il baissa le regard vers ses lèvres aux commissures légèrement retroussées. Presque douloureusement, il la prit dans ses bras au pied de Marguerite d’Anjou et écrasa sa bouche contre la sienne comme un noyé cherche de l’air. Elle ne réagit pas, (...)

  • 60 Le presbytère de Moisillon

    Ils trouvèrent sans peine le café-alimentation-générale sur la place centrale, là où la gendarmerie locale avait regroupé tous ceux qui avaient eu à faire avec les Lannois. Il s’agissait pour la plupart d’artisans, à l’exception du directeur de l’agence immobilière qui avait conclu la vente et qui se reconnaissait devant le zinc à sa tenue nettement plus citadine.
    Il ressortit de son récit que les Lannois avaient beaucoup tourné dans la région avant de trouver l’ancien presbytère du village.
    “Madame (...)

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