Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 31 La maman et la putain

    Alice Macloux posa son épais manteau gris sur le dossier de la chaise et s’assit, les mains jointes et le regard clair. Elle n’avait pas versé une larme, Vogel l’aurait juré. Après l’avoir fixé un instant, elle lui déclara :
    “J’aimerais par-dessus tout que vous ne harceliez pas mon père avec cette histoire. Il est certes dommage que Lucile soit morte mais la vie continue. Mon père a de hautes responsabilités et se doit à ses lecteurs. Imaginez qu’il a reçu des centaines de lettres quand il a sorti son (...)

  • 32 La reine de la Roche-sur-Yon

    Vogel s’enquit doucement :
    “Et alors ?”
    “Rien. On m’en faisait. Je crois qu’elle s’amusait beaucoup à m’habiller comme elle. Pour montrer combien j’étais pataude à côté d’elle. Provinciale. Un jour, elle m’a déguisée avec la création hideuse d’une Slave folle dont la fille faisait des bijoux. C’était des morceaux de velours frappé, des bouts de dentelles avec des paillettes, des perles de jais... J’avais l’air d’une hippie de retour de Katmandou et elle m’a amenée au journal comme ça. Toutes les filles ont (...)

  • 33 Archives compromettantes ?

    “Elle aurait voulu installer ses bibelots hideux sur les meubles de famille. Elle a même fait venir un de ses décorateurs préférés, un homosexuel minaudant comme elle les adorait, pour tout "remettre en état". Nous avons prévenu Père que si elle changeait quoi que ce soit, il ne nous verrait plus, nous et ses petits-enfants. Alors, elle a essayé de séduire mes enfants et ceux de mes frères. Elle jouait à la grand-mère comme Marie-Antoinette à la bergère mais, en fait, elle n’a jamais aimé que son chat de (...)

  • 34 Du café empoisonné ?

    Dans la voiture qui les conduisait avenue de Ségur, Vogel évoqua l’histoire des archives que détenait l’académicien.
    “Vous croyez qu’on l’aurait empoisonné parce qu’il en savait trop sur quelqu’un ?”
    “Pourquoi pas ? C’est un sujet encore très sensible. On peut démolir facilement quelqu’un en l’accusant d’avoir fait fortune dans les scandales politico-financiers de l’après-guerre...”
    “Oui, mais Lucile ? Etait-elle au courant des archives de Lannois ?”
    “Je n’en ai pas la moindre idée et Lannois n’est pas en (...)

  • 35 Dommage collatéral

    Vogel et Beaudoin se jetèrent un coup d’œil consterné. Cette femme venait de perdre un enfant et ils avaient fait une gaffe impossible à rattraper. Ils bafouillèrent des excuses mais Consuelo releva la tête brutalement les joues ruisselantes de larmes.
    “C’est elle qui l’a tué. Elle et ses manies. Elle m’a fait venir à son bureau. Il faut que je nettoie à l’automne et au printemps parce qu’elle n’a pas confiance dans les femmes de ménage du journal. Il faut que je désinfecte son siège, son téléphone, toutes (...)

  • 36 Petit traité d’adultère bourgeois

    “Chez Madame jusqu’à 5h ou 6h. Elle voulait que je repasse un chemisier compliqué. En soie avec un col à dentelle pour son tailleur rose. Je devais chercher Antonio à l’école mais elle voulait pas me laisser partir. J’ai demandé à ma belle-sœur d’y aller.”
    “Vous n’êtes donc pas rentrée chez vous à l’heure habituelle.”
    “Non, mon fils était avec ma belle-sœur, j’ai profité pour faire des courses. Ma belle-sœur a l’habitude : Madame veut jamais que je parte. Elle trouve toujours un truc à faire. Un vêtement à (...)

  • 37 Qui a forcé le coffre ?

    Ravie de cette perfidie, Consuelo tourna les talons et regagna la cuisine tandis que les deux policiers se décidaient à pénétrer dans le bureau du maitre. Depuis la fin de la matinée, les équipes s’étaient relayées pour faire des prélèvements et on pouvait entrer sans brouiller les pistes possibles. Les papiers qui couvraient la table avaient été bouleversés. Certains étaient sur le sol, d’autres, froissés, avaient voleté çà et là. Louis Lannois avait dû sentir les premières douleurs quand il écrivait. Il (...)

  • 38 Rendez-vous à la fontaine

    “Bonjour, vous êtes bien chez moi. Pas moi, dommage ! Laissez un message après le Bip et je vous rappelle”
    “ Ici l’inspecteur Beaudoin, pourriez-vous rappeler mon bureau...”
    “Allo ? Je suis là mais je filtre ! Comment allez-vous ?” _Il eut l’impression curieuse qu’Alex Lombard avait totalement oublié qu’il était de la police. Ou alors elle considérait que c’était un détail.
    “Puis-je vous voir aujourd’hui ?”
    “Mais c’est samedi, vous rêvez ! Mon mari rentre de voyage ce soir et j’ai promis des crêpes aux (...)

  • 39 Samedi au Luxembourg

    Elle se leva pour aller à sa rencontre :
    “Je ne me lasse jamais de cette fontaine. Et on a enfin restauré les petites tortues de bronze qui avaient perdu leur tête. Vous voulez que l’on marche ou vous préférez bronzer sur un banc ?”
    Beaudoin essaya de l’imaginer avec Lannois et se mit à sourire.
    “J’ai dit un truc drôle ?”
    “Non, non... Enfin, si, marchons. J’aime parler en marchant.”
    Les marronniers perdaient leurs dernières feuilles et l’allée disparaissait sous un épais tapis bruissant qui sentait (...)

  • 40 Chantage sous roche ?

    “Mais pourquoi n’était-elle pas sanctionnée ?”
    “C’est LA question. La seule qui mérite d’être posée. Pourquoi est-il plus facile à Saunders de mettre sur une voie de garage un ancien ministre, par exemple, que Lucile Delarue ?”
    “Vous avez une idée ?”
    “J’ai un peu réfléchi à la question mais mes conclusions sont délicates. D’abord, on peut dire que Lucile ne coûtait pas très cher à un groupe comme celui-ci.”
    “28 000F plus des notes de frais apparemment sans limites, ce n’est pas rien !”
    “Pour vous en effet et (...)

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