Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 21 Les "petits" cadeaux entretiennent...

    Quand elle pénétra dans le restaurant, elle fit une rapide prière sur le thème “Pourvu que je ne connaisse personne !” mais, dès qu’ils furent installées, la conversation commença en douceur.
    Elle lui avoua qu’elle était pressée d’aller s’acheter des bulbes de fleurs et que cette histoire lui pesait un peu.
    “Le commissaire Vogel n’a pas l’habitude des Parisiennes sophistiquées : ayez pitié de lui et tout ira mieux !”
    “Je n’ai rien de particulièrement sophistiqué. Quand je parle, vous me comprenez, oui ou (...)

  • 22 Tortu ou Boucheron ?

    “Lucile recevait des cadeaux ou elle les extorquait ? On la remerciait ou on la payait ?”
    Pour la première fois, Alex montra de la gêne : tout le monde était au courant dans le métier mais personne n’aimait en parler à l’extérieur.
    “C’est à la fois simple et compliqué. Les cadeaux offerts aux journalistes, c’est un peu comme ce qu’une femme peut accepter d’un homme : vous me payez à déjeuner, je ne me sens pas redevable de quoi que ce soit. Vous m’offrez des fleurs ou des chocolats, non plus. Vous (...)

  • 23 Bruits de corruption

    Il se passa ce jour-là quelque chose de curieux : comme si les directrices de boutique et les attachées de presse s’étaient données le mot, elles lui racontèrent toutes, sans exception, ce qu’elles avaient offert à Lucile pour Noël, pour la dernière parution, ou en prévision de la prochaine. Ce n’était jamais des parures de maharané mais quand on sait que la moindre chose coûte environ 800 euros, le tour de la place était rentable.
    Alors Alex s’était souvenue combien elle avait toujours trouvé ridicule (...)

  • 24 Délit de belle gueule

    Beaudoin était assis face à Vogel, de l’autre côté du bureau. Il tentait de restituer aussi fidèlement que possible ce que lui avait raconté Alex à son patron.
    “Une chose est claire : il y a des ripoux dans la presse” conclut-il, “et on dirait aussi que c’est presque officiel, du moins en ce qui concernait Lucile.”
    “A combien cela peut se monter ce genre de petits profits parallèles ?”
    “Aucune idée. Cela dépend du genre de boutiques qu’elle rançonnait... Un joaillier ou un marchand de fromages.”
    “Et la (...)

  • 25 Retour au shopping

    Quand il arriva rue du Caire, le journal avait plus ou moins retrouvé son calme. Ginette avait aboyé à Claudine l’ordre de téléphoner à Marie et Laetitia pour les faire venir "immédiatement". Le vizir était enfin à la place du calife et en jouissait avec gourmandise. Beaudoin remarqua que les petites mains qui s’agitaient encore plus fébrilement que la veille, étaient chargées elles aussi de bagues. Il se demanda si c’était nouveau ou si les histoires de Alex le rendaient plus observateur. Est-ce que (...)

  • 26 Une maitresse chasse l’autre

    A la grande joie de Laetitia, Beaudoin finit par articuler :
    “Je croyais que c’était Lucile, la maitresse.”
    Elle pouffa de rire derrière ses mains jointes. Il remarqua que ses paupières étaient maquillées de turquoise vif comme celles d’une poupée.
    “C’est trop drôle ! Non justement ! Il a suffi qu’il l’épouse pour prendre une nouvelle maitresse. Vous n’êtes pas au courant ? J’aurais pensé que la police saurait déjà tout sur les fredaines de monsieur....”
    “Comment le savez-vous ? Il vous l’a dit ?”
    “Non, (...)

  • 27 Ragots et médisances

    Il laissa du temps à Laetitia de se remettre de cette incongruité qui la ravissait autant qu’elle la choquait.
    “Et la maitresse, c’est qui ?”
    “Je n’en sais rien. Demandez-le lui ! J’imagine que c’est quelqu’un qui veut réussir rapidement dans le journalisme, comme Lucile l’a fait.”
    “Savez-vous pourquoi Lucile était indéboulonnable ?”
    “Non, pas vraiment. Il y a des théories dans la maison à ce sujet. Louis Lannois aurait aidé je-ne-sais-qui à entrer lui aussi à l’académie mais je ne sais pas si cela (...)

  • 28 Sortez les camisoles !

    “Quand a eu lieu ce fameux séjour à l’”asile” ?” demanda-t-il en articulant soigneusement ce dernier mot qui avait un peu de mal à passer.
    “Huit ou neuf ans.”
    “Vous dites que Madame Delarue avait peur, mais pour qui ? Alex était dangereuse pour elle-même ou pour les autres ?”
    Marie se plongea dans la contemplation des guenilles de luxe qui l’entouraient, cherchant la réponse qui ferait le plus de mal.
    Elle hésitait encore quand Beaudoin lui reposa une question :
    “Vous avez vu quoi et quand ? ” (...)

  • 29 Le salon des Greffulhe

    Marie Bouillot se pencha vers lui d’un air de conspiratrice :
    “Elle avait raison : Jeanne Riguidel a pris l’habitude de ne plus traverser le palier. C’est la pauvre Ginette qui trottine de l’une à l’autre espérant une gratification un jour. Lucile s’amusait de son empressement ridicule à dire “oui” à chacune. Elle riait beaucoup. ”Pauvre Ginette, elle va s’épuiser à faire des courbettes à Jeanne : elle croit qu’elle va avoir ma place mais elle ne sera jamais qu’une petite assistante. Vous la voyez (...)

  • 30 La belle-fille entre en scène

    Marie Bouillot avait baissé les yeux à l’évocation des Greffulhe, prise d’une crainte sacrée devant tant d’aristocratie et Beaudoin eut des envies iconoclastes.
    “Comment, avec une éducation pareille, a-t-elle pu vivre une liaison qui a duré des années avec un homme qui aurait pu être son père ? Comment a-t-elle supporté d’être imposée partout comme maitresse officielle d’un vieux monsieur ? Si j’ai bien compris, où il allait, il l’amenait dans ses bagages quelles qu’aient été son incompétence (...)

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