SANTE

Gynécologie : recul de la prévention

7 février 2011

Etes-vous prêtes à aller faire faire vos frottis par votre généraliste ? Et lui, est-il partant pour répondre à vos angoisses en cas de saignements ou d’infection ? Aura-t-il le temps, en plus de sa charge de travail, d’assumer celle des gynécos médicaux disparus ?

Les femmes, depuis plusieurs générations, ont eu un ou une gynécologue médical(e) qui les suivait pour tout ce qui concerne leur vie de femme. Aujourd’hui, au XXI e siècle, il est fortement question que cette spécialité française ne disparaisse, vous le saviez ?

Merci madame Barzach

En 1986, Michèle Barzach, ministre de la Santé, et femme si notre mémoire est bonne, et même gynéco, supprima la formation de gynécologue médical. Pour faire des économies ? « Rationaliser » ? Après 17 ans d’absence de cette formation, la lutte et la mobilisation des femmes et des médecins au sein et autour du Comité de défense de la gynécologie médicale [1] ont porté leurs fruits : en 2003, la spécialité et son diplôme ont été recréés. Mais, depuis lors, ne sont formés qu’une vingtaine de gynécos médicaux par an selon un strict numerus clausus. Conséquence ? Des attentes de plusieurs mois, ou même l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous pour les femmes, et des horaires impossibles pour leurs gynécos.

La fin de la prévention ?

En 2011, les jeunes femmes, elles, ne peuvent plus que rarement se trouver des gynécos, car ceux qui sont en exercice n’ont plus le temps de prendre de nouvelles patientes. Celles qui sont pistonnées par leur mère parviennent parfois à se faufiler, mais les autres ? Et sans gynéco, pas de suivi, pas de surveillance, et pas de prévention, avec pour conséquences, par exemple, le développement des IST [2] et une hausse des dysplasies de l’utérus [3].

Si on ajoute que la moyenne d’âge des gynécos médicaux est de 58 ans, on comprend la mobilisation des femmes et des médecins du CDGM !
En effet, personne n’ignore à quel point la précocité d’un diagnostic est essentielle concernant les cancers féminins : nous assistons donc à une véritable régression dans le domaine de la santé des femmes.

Les solutions proposées

Pour retrouver un niveau suffisant, celui de l’avant-Barzach, et simplement pour remplacer les départs à la retraite, il faudrait une volonté politique, celle de former à terme au moins 140 gynécos médicaux par an.
On propose gentiment aux femmes d’aller consulter des gynécos obstétriciens, mais ils sont indispensables pour l’obstétrique et la chirurgie, pour lesquelles ils ont été formés, et là non plus, il n’y en a pas tellement : les candidats ne se bousculent pas au portillon en raison des risques, des assurances et des procès.
Autre proposition de Bachelot cette fois : transférer les tâches des gynécologues médicaux à d’autres "professionnels de santé".
Aux généralistes d’abord, qui n’ont pas que ça à faire, et la question demeure : sont-ils formés pour répondre au 1001 questions qui se posent au cours de la vie d’une femme ? Et ont-elles envie de les leur poser ?
Autre possibilité : on donne une année de formation en médecine aux sages-femmes. Oui, mais elles sont déjà surchargées à l’hôpital dans les fonctions qui sont les leurs, et elles ne sont pas médecins quand même. Qui se satisfera, pour le suivi gynécologique, de cette seule formation par rapport aux dix années de médecine d’un interne en gynécologie médicale ?
Et pour les prescriptions de pilule, les pharmaciens feront ça très bien !

Et, finalement, si vous avez le malheur d’avoir besoin d’une IVG, prenez le premier train pour un pays d’Europe qui n’a pas choisi de faire retourner les femmes au Moyen-Age

Pour suivre le dossier, voir aussi sur le même sujet : http://www.lemondecommeilva.com/lettre-a-xavier-bertrand,122

Les dessins sont de la jolie Cécile, illustratrice et maman.
A retrouver sur : http://cecileadam.blogspot.com.

Pour plus d’infos et pour signer la pétition, allez sur le site du CDGM : www.cdgm.org

[1plus de 3 millions de signatures

[2infections sexuellement transmissibles

[3modification des cellules de l’épithélium du col utérin, qui peut être le point de départ d’un cancer du col

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