La réalité, c’est dur

20 février 2013

Au Monde comme il va, on est plutôt pour le mariage pour tous même si cette rage à vouloir se marier étonne un peu. Se marier, se caser, faire une fin… il y avait une forte suspicion de formatage, d’ordre social dans le mariage et il fut un temps où tout formatage rendait malade. Y compris les homosexuel(le)s. Se marier pourquoi faire puisque l’on peut vivre ensemble. Mais c’était avant que la société entière se mette à rêver de traverser dans les clous et d’être fonctionnaire.

Phobe tous azimuts ?

Donc mariage pour tous, parfait. Ce qui est vite devenu pénible, c’est l’axiome : « si tu n’es pas pour le mariage pour tous, tu es homophobe ». Suivi immédiatement par : « si tu es contre la GPA [1]et la PMA [2], tu l’es aussi ». Et là, on s’interroge, pourquoi s’inquiéter pour l’avenir de ces enfants OGM rend-il homophobe, transphobe et phobe de tout ? On commence tout juste à prendre en compte la souffrance des enfants adoptés qui veulent absolument savoir qui sont leurs parents génétiques mais des bébés inventés dans un cristallisoir n’auraient pas le droit de (se) poser des questions ? « Alors là, tu vois, Papa Maurice et Papa Kévin sont allés demander à une gentille dame du Costa Rica de tenir bien au chaud dans son ventre la gamète de Papa Maurice mariée à l’ovule d’une autre gentille dame en Ukraine »." Et Papa Kevin, c’est pas mon papa ?" «  Mais si ! C’est lui qui a coupé le cordon quand tu es sorti du ventre de la gentille dame du Costa Rica ». « Et la gentille dame c’est ma maman ? »" Euuuh non ! Elle t’a juste tenu au chaud dans son ventre" " C’est l’autre gentille dame alors ?" "Euuuh non !...etc " Bon courage !

La réalité, vous connaissez ?

La psychanalyse apprend au moins une chose : tenir compte du principe de réalité. Tous les petits garçons (et les petites filles) se disent : « je veux être Flash McQueen et gagner la Piston cup  ». On leur explique alors qu’ils ne sont pas une voiture avec une bouche et que d’ailleurs les voitures n’ont pas de bouche, en vrai. Mais ils s’en moquent totalement et ne nous croient pas. Ils seront Flash McQueen ou Finn McMissile dès qu’ils seront grands. Un autre jour, ils voudront être un guépard qui court à 110 km/h, ou un condor dans les Andes. Ils voudront que le soleil brille aussi la nuit et que la mer ne mouille pas. Mais, si tout se déroule bien, ce sentiment (délicieux) de toute puissance passe à l’âge adulte. Ou pas, et c’est là que le psy intervient.

Je veux, je veux, je veux

Henderson, le faiseur de pluie de Saul Bellow, répétait en boucle : "I want, I want, I want" et nous ferions bien tous comme lui. Le Monde comme il va veut Paris à la latitude de Rome, ou à la rigueur de Marseille, après cet hiver sans fin et sans soleil. Avec la mer, mais pas celle que l’on connaît ici, même les calanques ne valent pas le Pacifique avec une barrière de corail, des tridachnes et des poissons clowns…
Est-ce parce que les techniques et la science ont fait de tels progrès que les hommes (et femmes, et bi, et trans, et homo) se croient tous puissants ? La Chine rase des montagnes pour bâtir des villes [3], à Dubai, les émiratis veulent toujours plus grand, plus haut, plus cher .

Quand notre toute-puissance doit s’incliner devant la nature, on sent poindre la panique : « il a neigé 30 cm sur Paris ! Mais que fait la police ? » « Je suis un homme et je veux porter mon bébé, qui m’en empêchera ? » « Je suis quelqu’un qui a choisi de son plein gré d’être une femme et je veux une petite fille avec ma compagne, pourquoi faudrait-il l’intervention d’un homme. Ce n’est pas juste ». Parce qu’avoir un enfant est devenu un droit ? Au même titre que d’avoir un hiver sans neige et les villes à la campagne ? Comme avoir un écran plasma et une deuxième voiture ? Ou avoir le physique de Beyonce ou un sexe masculin ?

Tweeter