EXPOS

Cheveux chéris à Branly

30 septembre 2012

Cœurs sensibles s’abstenir ! La dernière exposition présentée au musée du Quai Branly n’est pas pour tout le monde. Ce qui ne nous empêche pas d’en parler mais nous prévenons : que les âmes délicates évitent "Cheveux Chéris", à la mezzanine ouest jusqu’au 14 juillet 2013.

Tout d’abord, le visiteur est un peu surpris par un sorte de mélange de photos de stars choisies sur on-ne-sait-quel critère : personne ne se plaindra de ce sublime portrait d’Ava Gardner mais ce n’est sans doute pas sa chevelure courte qui justifie sa présence et retient les regards. Pas plus que celles de Michèle Morgan, Sylvie Vartan et Gina Lollobrigida.

La belle Nubienne de Cordier

Petit fouillis de tableaux et de sculptures avec de belles surprises comme une Aurore de Denys Pierre Puech et une magnifique Marie Madeleine entièrement drapée dans ses cheveux. Dans un autre genre, à côté de bustes de la reine Marie-Amélie avec ses bouclettes de marbre blanc et d’autres nobles personnages, on découvrira les très beaux portraits ethnographiques de Charles Cordier dont une dame chinoise à la coiffure particulièrement complexe et une Nubienne –comme on disait à l’époque- splendide.
En fait, il y a trop de sujets abordés et même si les cheveux sont le fil conducteur, on ne peut que butiner d’un roi franc à Picasso et quelques sous-verre de boucles blondes et tristement mates, sans oublier une nonne birmane, une superbe « Métisse tagalo-chinoise » [1] et une jeune Malgache en deuil.

Mon crâne sur la commode

Avec les parures en cheveux, on s’approche du glauque malgré l’ingéniosité et la beauté de certaines, surtout lorsque s’y mêlent, savamment montées, des plumes d’oiseaux multicolores et des élytres de scarabées.
Et brusquement, nous voici aux trophées, aux prises de guerre ou à l’hommage à nos chers disparus. C’est un peu ce que tout le monde est venu voir si l’on en croit l’affiche qui met déjà légèrement mal à l’aise. On commence à avoir des vapeurs devant le film qui montre des scènes de tonte de femmes à la Libération. Insoutenable. Et voici les scalps, comme dans Davy Crockett quand les Indiens ne dansaient pas encore avec les loups. Question d’une jeune visiteuse : "On les scalpait vivant ?" A quelques mètres de là, les têtes réduites : d’abord les œuvres des Jivaros, très impressionnantes avec leurs longues chevelures magnifiques sur des crânes gros comme des poings, et la bouche soigneusement cousue qui leur donne un air boudeur. On en a déjà vu, en photo ou dans un musée, ce n’est pas une surprise totale, mais, quand on découvre ce que faisaient les Nazca, on regrette le joli travail soigné des Jivaros ! Ce qui fait penser à une vieille besace de cuir s’avère avoir un nez perdu dans les replis, ou des dents, et l’idée qu’il s’agit d’un homme qui a vécu quelque part et qui se retrouve dans une vitrine dans cet état est insupportable. N’y-t-il pas d’indécence à exhiber des êtres humains ?

[1Les Tagalog sont l’une des principales ethnies des Philippines avec près de seize millions d’habitants. Leur nom provient du terme local taga ilog, qui signifie « ceux qui vivent près de la (ou d’une) rivière », ou « ceux qui viennent de la rivière ».

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