TEMOIGNAGES

Varanasi côté Godaulia

20 juillet 2012

La semaine dernière, Helen Haynes nous a emmené à Varanasi, le long des ghâts où se font les crémations. Elle nous a raconté son dégoût et sa fascination devant cette drôle de ville où l’air est si vicié qu’il rend malade dès que l’on arrive. Mais Varanasi ne se résume pas à ces rites funéraires même s’ils sont ce dont les voyageurs parlent, tant l’approche de la mort en occident est loin de ces cérémonies.

Personne n’imagine qu’il existe près d’une centaine de ghâts, de ces marches qui descendent vers le Gange où sages et dévots viennent faire leurs ablutions et leurs pûjâs [1] puisque l’eau du fleuve sacré nettoie aussi bien les âmes que les corps. Elles se répartissent en arc, sur 7km environ, sur une seule rive. En face, il n’y a rien que le sable.


Une grande partie de la vie se passe au ras de ces flots dont la propreté n’est pas la qualité majeure : les uns font la lessive des hôtels et guesthouses, les autres leur toilette, les femmes lavent leur longues chevelure tandis que les enfants se brossent les dents. Aujourd’hui, en principe, seules les cendres des morts sont jetées au fleuve, de peur des épidémies, mais la réalité est loin d’être aussi simple et les exclus de la crémation finissent là, entre deux eaux.

Une jolie façon de voir Varanasi est de prendre un petit bateau à rames au lever ou au coucher du soleil et de contempler le spectacle des prêtres qui font l’ârti [2] au son des clochettes de Shiva et des chants. Il suffit de s’arrêter un instant et de prendre le temps de se laisser emporter par la magie des sons, du soleil bas qui embrase le ciel et des fumées bleutées d’encens.

Et puis Varanasi, c’est également la vieille ville, Godaulia, avec ses dédales de ruelles et d’escaliers. Godaulia où vaches et chiens errent en toute liberté sans crainte d’être dérangés. Ici, la vie n’a pas changé depuis l’aube des temps, depuis sa fondation même, 3000 ans dit la tradition même si la vérité se situe plutôt vers le VIIe siècle avant JC. Les petites échoppes proposent de la soie, des bonbons, du bétel. Les habitants entrent et sortent, crachent de longs jets rouges sur le sol et sourient de leurs gencives rouge vif elles aussi.
L’air est saturé d’odeurs de bouses de vaches, de bétel mâché, d’épices et de fruits qui pourrissent, abandonnés par les singes qui pullulent. Ils montent la garde sur les toits et viennent chiper aux étalages.

Je me suis perdue cent fois dans ces venelles sinueuses et je me sens happée par cet univers que personne ne peut concevoir s’il n’est jamais venu en Inde. Je reviendrai à Varanasi, c’est sûr.

[1ensemble de rituels, complexe dans ses formes les plus développées, par lesquels on adore et vénère la divinité. Elle suit un déroulement codifié et implique des composantes matérielles (parfums, chants, objets, nourriture

[2rituel d’adoration hindouiste qui fait partie de la pûjâ

MOTS-CLES :
Bookmark and Share flux RSS


form pet message commentaire
Qui êtes-vous ?