SANTE

Mammo, écho & co

14 octobre 2010

Octobre rose, mois du dépistage systématique du cancer du sein, premier cancer féminin avec près de 50 000 nouveaux cas par an en France. Une femme sur huit est concernée. Le point sur ce que l’on nous propose en termes d’examens.

Tout le monde sait, plus ou moins clairement, que la médecine doit beaucoup de ses avancées aux progrès de l’imagerie. Nous nous sommes habitués à passer des radios, des échographies, des IRM, des Doppler sans toujours savoir ce que c’était et ce que l’un apportait par rapport à l’autre. En général, il suffit de faire confiance au médecin, mais dans le cas précis du dépistage du cancer du sein, nombre de femmes se demandent pourquoi on passe une mammo ou une écho, ou les deux. Surtout si l’on ajoute que la mammo consiste à coincer ses seins dans une sorte de presse-purée actionné par vérin hydraulique. La manipulatrice, désolée ou agacée, vous prend le sein comme de la viande hachée à mettre en forme, l’étire, l’aplatit, actionne la pédale du monstre pour vous empêcher de vous échapper, puis court à l’abri : « Ne respirez plus ! » De face, de biais, de profil, un bras en l’air, le menton en vrille.

Donc, pourquoi la mammo ? L’échographie peut-elle remplacer la séance de torture ? Existe-t-il des systèmes plus doux ?

Deux méthodes complémentaires

Tout d’abord, comme le rappelle le docteur Jean-Yves Seror, radiologue, la prévention n’existe pas. Ce n’est pas parce que l’on est suivi régulièrement que l’on n’aura pas de cancer. En revanche, dépisté assez tôt, le cancer sera plus vite soigné et guéri : 90 % de taux de succès du traitement quand la lésion est inférieure à un centimètre et que les ganglions ne sont pas touchés.

La mammographie est “l’examen le plus reproductible et fiable”. L’échographie, elle, n’est pas faite systématiquement et vient compléter la mammo dans trois cas précis : un sein très dense qui rend l’interprétation difficile, une anomalie mammographique et une anomalie clinique. L’échographie s’ajoute alors à la mammographie, mais ne peut la remplacer. En effet, elle est moins fiable puisqu’elle dépend de l’opérateur, à la différence de la mammographie qui dépend de la machine. De plus, elle ne permet pas de dépister les microcalcifications.
Quant à l’IRM, le radiologue les réserve généralement aux cas très particuliers des familles à risques, en raison de mutation génétique.

Quand on demande au docteur Séror si tous ces progrès techniques ne permettent pas de détecter trop bien, trop tôt, d’infinitésimales anomalies qui ne demandent qu’à rester assoupies, il rappelle que si la plupart des microcalcifications sont bénignes, certaines sont des carcinomes intracanalaires avec lesquels il ne faut pas plaisanter.

Demandez le Lorad M-IV

D’accord, inutile de tergiverser : la mammographie est indispensable. Mais peut-on éviter cette espèce d’épreuve initiatique qui consiste à se faire tordre les seins ? Oui. Il suffit de trouver un cabinet de radiologie qui emploie le Lorad M-IV, appareil de conception israélienne, employé au Canada et aux États-Unis. La différence ? Une manipulation manuelle et non plus automatique.

Le docteur Philippe Lebar [1], l’un des premiers radiologues de Paris à avoir investi dans cette machine, raconte que des chirurgiens plasticiens lui confient leurs “œuvres d’art”, entendez par là les seins refaits à neuf avec prothèse intégrée, laquelle a du mal à s’aplatir entre un bout de plastique et une plaque en métal.
Donc, la douleur n’est pas inéluctable. Avec l’assurance d’être aussi bien dépistée. Le cliché est ensuite envoyé à un scanner qui le numérise et permet ainsi la visualisation de 100 % des microcalcifications. Ceci, plus une échographie systématique, et l’examen clinique permet un dépistage très fin. En cas de doute, le docteur Lebar préconise l’IRM pour décider ou non d’enlever la ou les microcalcifications. Mais, ajoute-t-il en riant, « Vous voyez, on ne se précipite pas avec un bistouri entre les dents ! » Alors, prêtes à prendre rendez-vous ?

[1Philippe Lebar est membre du programme ADECA, association pour le dépistage du cancer du sein, qui organise une mammographie gratuite tous les deux ans à toutes les femmes entre 50 et 74 ans. Numéro vert (gratuit) de l’association : 0 800 10 50 32.

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