Le suicide des jeunes

10 avril 2012

Tout d’abord, il ne serait pas sérieux de se cacher les chiffres que PHARE Enfants-Parents nous a fournis : 563 jeunes de moins de 24 ans se donnent la mort dans l’année ; toutes les 10 minutes, un enfant, un jeune fait une tentative de suicide et 1/3 des personnes qui tentent de se suicider renouvellent l’acte un jour. Ajoutons que la France conserve le plus fort taux de suicide chez les jeunes en Europe.

Ça déchire grave !

Alors que faire ? Le docteur Pommereau fait une distinction très nette entre l’ado en danger et l’ado « normalement » pénible et provocateur, celui qui fait des écarts de conduite, des pas de côté de la ligne droite que nous lui avons tracée. Il refuse de rester dans la norme, la nôtre, et nous énerve un maximum mais ce n’est rien.
En revanche lorsque les petits écarts deviennent le grand écart, celui qui mène à la rupture, quand l’expression de leur mal-être ne trouve de soulagement que dans la « déchirure », il faut s’inquiéter. « Déchirure » et « déchirer » sont les mots qu’ils emploient. « Ça déchire » le cannabis, l’alcool, les courses en moto ou en voiture, les conduites à risque dans tous les domaines. C’est alors que surviennent l’absentéisme scolaire et l’échec volontaire, les comas éthyliques et les fugues. Pour faire exotique et donc pour tenir à distance cette idée, on parle de « binge drinking » qui sonne tout de même moins sordide que « cuite » mais malheureusement ce phénomène n’est guère nouveau en France.

Le souci majeur est que ces phénomènes arrivent de plus en plus tôt, se cumulent et se reproduisent. On voit de très jeunes enchaîner scarifications, cuites, fugues et c’est cela qui doit nous alerter. Tout comme les répétitions qui peuvent mener à la rupture ultime, pour que « ça s’arrête ».

Actes manqués et malentendus

Que faire ? Paradoxalement, comme l’explique le docteur Xavier Pommereau, plus on est proche d’un ado, moins on voit la déchirure clairement. Les parents ne veulent pas voir que leur ado va mal et les enfants font tout pour le leur dissimuler. Leur attitude est ambiguë : d’un côté, ils masquent leurs addictions et/ou leurs tentatives de suicide mais laissent traîner des indices plus que suspects. Un(e) suicidaire peut « oublier » un rasoir plein de sang à côté de son lit et déclarer qu’il (elle) se rase les jambes ! C’est là que les tiers sont très importants, les adultes relais dans le cadre scolaire par exemple, infirmière, professeur, assistante sociale, qui les aident à mettre leur parents au courant. Parfois ce sont les amis, lycéens ou collégiens qui s’en chargent mais la plupart du temps, ils sont eux-mêmes trop désemparés.

Une fois que les parents ont intégré la réalité du mal-être de leur enfant, non, cela ne va pas passer "comme ça", c’est le « déclenchement du plan ORSEC ». Les parents témoignent de leur inquiétude, essaient de comprendre ce qui a causé la crise : cela peut être un déménagement, le décès d’un animal familier, une séparation et dans la foulée, il faut s’adresser en famille à un pro de la psychologie. Et rappelle PHARE Enfants-Parents, une ligne d’écoute est réservée aux parents [1] ainsi qu’un site web [2]

Jusque dans les années 80, les psy rejetaient la faute sur les parents, même l’autisme était dû à la mère, aujourd’hui c’est fini et on associe les parents à la guérison. Dès que l’adolescent ou l’enfant sent que l’entourage se mobilise, le premier pas est franchi !

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