PSYCHO

Sors de là Cro-Magnon !

26 mars 2012

Partant du constat bien connu que « trois millions de Français prennent des tranquillisants sans en avoir besoin », le docteur Jean-Yves Pérol, psychiatre, entreprend de dédramatiser les phénomènes qui nous précipitent chez lui et ses confrères avec un rêve de petites pilules couleur bonheur. Lecture de Vaincre les insomnies et l’anxiété [1].

Tout d’abord, il faut le dire, le docteur Pérol a une très bonne tête. On l’imagine avec son gentil sourire rassurant déclarer « Vous avez des angoisses ? Youpee ! C’est Pépé Cro-Magnon qui serait fier de vous ». Sa thèse, qui n’a rien d’idiot, est que nous avons été formaté pour vivre dans des cavernes, faire la chasse aux bisons et que sur le fond, nous n’avons pas changé alors que notre vie n’a plus rien à voir. Nous avions évoqué cette question pour notre musculature [2], celle d’un Sapiens sapiens qui court, chasse et qui est devenu un animal assis. Il n’y a pas de raison que cela ne s’applique pas à notre psychisme, le guetteur est devenu un bureaucrate dont le plus grand risque encouru est de se tromper dans le choix de la couleur de sa nouvelle voiture. Donc, nous avons gardé ces réflexes et il n’y a pas de quoi avoir peur. C’est un peu disproportionné mais pas grave. Acceptons-nous en pensant à Darwin. L’insomnie, c’est pareil. Les phobies aussi. La peur des araignées vient de ce temps où elles faisaient la taille d’un semi-remorque avec des sacs à venin comme un baril…

Le docteur Pérol passe au crible nos habitudes de pseudo-civilisé et il est clair que nous avons imposé un certain nombre de choses à notre Cro-Magnon intérieur, qui le contrarient beaucoup. La monogamie en fait partie même si l’auteur se présente comme un « monogame heureux ». Son livre Vaincre les insomnies et l’anxiété est court, facile à lire, sur le ton de la conversation avec des raccourcis amusants : vous c’est Aigle-Noir ou Cheval-Fou sachant qu’il y a 75% d’Aigle-Noir pour 5% de Cheval-Fou ?

Espérons qu’il va atteindre une partie de ces trois millions qui se bourrent de cachets sans en avoir besoin. Mais il faut souligner que la plupart des ordonnances lourdes ne sont pas le fait de psychiatres mais de généralistes. Parce que prendre des médicaments est une démarche discrète si l’on veut qu’elle le soit et socialement assez bien acceptée. « Tu n’as pas un bout de Lexo sur toi ? » En revanche, se rendre chez un psychiatre reste tabou. C’est le truc des fous, pas des angoissés comme vous et moi. C’est le premier pas vers la camisole de force comme dans Vol au-dessus d’un nid de coucou même si on trouve de gentils Dr Pérol rassurants de l’autre côté de leur bureau et pas seulement une terrifiante Nurse Ratched ! Alors, on fait quoi ? On prend un bout de Lexo pour oser aller chez un psy ?

Dessins de Franquin, bien sûr !

[1Dr Jean-Yves Pérol et Romain Allais. Editions Tournez la page

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