La saison des mimosas

22 janvier 2012

Il fut un temps où la Côte d’Azur n’attirait que pendant les mois d’hiver. Grands ducs et archiducs venaient y oublier les ciels bas de leurs terres prises dans les glaces. Les jolies aristocrates y soignaient leur langueur et leurs poumons fragiles. Edouard VII participait à la Bataille des Fleurs de Nice, déguisé en diable.
John Dos Passos écrit dans La Belle vie : "Les Français et les Britanniques cossus qui fréquentaient la Riviera en hiver seraient morts plutôt que d’y être vus en été. L’endroit leur paraissait trop chaud, mais à nous, Américains, la température nous semblait parfaite, les bains délicieux, et Antibes était le petit port provincial vierge que nous avions rêvé de découvrir. Le culte du soleil commençait à peine."
Et c’est ainsi, que la Côte d’Azur fut lancée par des Américains qui avaient le culte du corps, aimaient nager et se bronzer ! On y verra Pablo Picasso, Jean Cocteau, Hemingway, Stravinsky et bien sûr Scott et Zelda Fitzgerald qui vinrent s’y étourdir dans les fêtes déjantées des palaces. Et s’y déchirer.

En fait, si la Côte d’Azur est bondée tous les étés, son charme est plus présent en hiver. Plus secrète, plus douce, plus tiède et parfumée. Le Comité régional de tourisme de la Riviera vous invite à une flânerie délicieuse et embaumée le long de la Route du mimosa. Et pour qui connaît la volupté de ces bosquets frémissant de fleurs jaunes et duveteuses, c’est irrésistible. Il y a de la magie dans ces grappes veloutées et ensoleillées dont on connaît la fragilité extrême mais que l’on ne peut s’empêcher de toucher comme pour cueillir un grain de soleil. S’en offrir une trace dorée sur le bout des doigts.

La Route du Mimosa s’étire sur 130 km entre Bormes-les-Mimosas et Grasse. Bormes, l’un des plus beaux villages de France, un village du 12ème siècle qui compte quelques 700 espèces végétales rares dont de nombreuses espèces exotiques et tropicales qui se sont magnifiquement acclimatées. Bormes est le théâtre du 1er événement botanique de l’année : Mimosalia [1] où se concentrent les plus grands pépiniéristes collectionneurs français, sans oublier le Corso, un des plus anciens de la Côte d’Azur puisqu’il existe depuis 1920. Puis le Rayol-Canadel dans le cadre exceptionnel du massif des Maures au nord, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël, l’Esterel, Mandelieu…
C’est toute la beauté presque intacte de cette magnifique région avec une arrivée à Grasse pour découvrir comment les parfumeurs sont parvenus à mettre le soleil en bouteille.

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