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Et le pétrole ?

5 juillet 2011

C’est dans un environnement politiquement, culturellement et géographiquement instable que se pose le problème du pétrole au Sud-Soudan. Sans parler du désastre écologique inévitable dans un écosystème extraordinaire.

En résumé, le pétrole est au Sud-Soudan, principalement dans l’Etat d’Unity [1], nommé ainsi en 1994, lorsque la question de l’indépendance du Sud n’était pas à l’ordre du jour, tandis que les raffineries sont au Nord. Le brut est expédié par oléoduc à Port-Soudan, sur la mer Rouge.

Les Américains, à travers la société Chevron, avaient commencé à s’intéresser à l’exploitation pétrolière dans les années 1970 mais tout a changé à partir de 1983 quand le Soudan est devenu islamiste dans le sillage de l’Iran. La dégradation des relations américano-soudanaises a atteint un sommet avec les attentats visant les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam, et avec les représailles qui ont suivies : bombardement d’une usine pharmaceutique près de Khartoum. Le doux parfum de pétrole a poussé George Bush à la réconciliation quelques années plus tard mais les Chinois qui s’installent de plus en plus en Afrique et les Malais avaient eu le temps de prendre le contrôle des champs pétroliers dès 1994.

La production approche des 500 000 barils par jour, ce qui place le Sud-Soudan au 32e rang mondial et au 3e rang en Afrique, derrière le Nigeria et l’Angola mais devant la Guinée Equatoriale, le Gabon et le Congo.

Pour sortir ce pétrole des marécages du Nil, deux solutions : la première consiste à continuer à passer par le Nord, ce qui condamne les deux Soudan à s’entendre. La deuxième serait de construire un pipe-line à travers l’Ouganda et le Kenya. Le pétrole serait évacué par l’océan Indien au sud, Lamu devenant le deuxième grand port du Kenya, après Mombasa aujourd’hui saturé.

La question de la répartition des bénéfices entre les deux Soudan est également épineuse : jusqu’ici, ils se partageaient la manne pétrolière à 50% 50%, et aujourd’hui, le sud indépendant voudrait 80% pour lui contre 20% pour le nord…

Rien n’est simple donc même si on peut trouver encourageant que le Sud-Soudan accepte de continuer à porter le nom de Soudan, comme son voisin et ennemi, au lieu de trouver un nom historico-ethnique comme Royaume du Nil, Pays de Kush, en l’honneur de l’ancien royaume nubien au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, Azania que l’on trouve dans un récit byzantin du VIe siècle, ou même Juwama, premières syllabes de Juba, Wau et Malakal...

Sur le même sujet
Sud-Soudan : naissance au forceps, http://www.lemondecommeilva.com/naissance-au-forceps-du-sud-soudan,220
Sud-Soudan, paradis des ethnologues, http://www.lemondecommeilva.com
/sud-soudan-paradis-des-ethnologues,221
Fachoda, http://www.lemondecommeilva.com/fachoda,222

Le meilleur ouvrage sur les problèmes du Soudan est celui de Douglas H. Johnson, spécialiste de la région, qui vient d’être réédité :
The Root Causes of Sudan’s Civil Wars, James Currey, Oxford.

[1le « Western Upper Nile » pour les Sudistes

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