64 SM pour troisième âge

3 juillet 2011

Ils n’eurent pas le courage de visionner la collection complète mais se promirent de le faire faire à Paris. Ensuite, après une visite au reste du presbytère qui ne leur apprit rien de plus, ils se rendirent chez le garagiste de Nogent-le Rotrou qui, s’il ne put leur donner le nom de l’hôte favori des Lannois, connaissait le numéro de sa Peugeot.
“Allez on rentre, je suis crevé, j’ai un diner ce soir chez la sœur de ma femme et j’en ai assez vu pour la journée !” dit Vogel.
Ils embarquèrent les cassettes, le cahier, un album photos dans la voiture et quittèrent Moisillon-les-Moutiers, son presbytère, sa chambre de tortures et son cidre du curé.

Le lendemain, ils avaient le nom du propriétaire de la Peugeot métallisée :
“Jean-Charles Balinaud, ça te dit quelque chose ?” demanda Vogel à Beaudoin.
“J’ai entendu ce nom. Au journal peut-être. Je ne sais plus. A moins que je ne l’ai vu dans les dossiers de Lannois.”
“Cela va être délicat de le lui demander. Il parait qu’il est toujours très faible et l’évocation de ses galipettes risque de l’achever.”
“On va poser la question au journal, c’est tout !”
Vogel eut l’air d’hésiter avant de dire :
“Ecoute, on marche sur des œufs. D’abord, les dossiers du vieux. Maintenant, les galipettes du vieux. Je n’aime pas beaucoup des histoires de mœurs dans un endroit comme le groupe Saunders où nous nous sommes déjà fait remarquer. Tu ne pourrais pas faire une première approche détournée ?”
“C’est-à-dire ?”
“Tu sais très bien. Va voir ton indicatrice préférée en espérant qu’elle est dans un de ses jours de charité à l’égard de la police et sonde-la. Discrètement.”
Beaudoin se sentit à la fois gêné et soulagé d’avoir un prétexte pour rappeler Alex mais se permit d’ironiser :
“C’est toi qui m’encourages dans cette voie ? C’est nouveau ! Et la sonder discrètement, ce sera difficile. Elle ne se laisse pas faire comme ça.”
“Elle m’agace, c’est vrai, mais elle est assez utile.”

Elle eut le bon goût de ne faire aucune réflexion quand elle reconnut sa voix et déclara seulement qu’elle avait peu de temps à lui consacrer.
“Ah oui... vos parents !”
“Mes parents ? Que viennent-ils faire là-dedans ?”
Vogel avait raison, elle pouvait être très pénible.
“Je ne sais pas. C’est au journal que l’on m’a dit que.. et vous-même...”
“Ecoutez, je ne passe pas mon temps à leur chevet,” déclara-t-elle d’un ton sec. “J’ai du travail et je n’ai aucune envie d’aller au journal.”

Elle n’était pas d’une humeur radieuse à l’évidence mais il se contenta de la promesse qu’elle passerait à son bureau vers IIh. En attendant, il alla relayer son collègue qui avait la tâche apparemment amusante de visionner les cassettes trouvées à Moisillon.
“Une chose est sûre : je me demande comment le vieux n’est pas mort. Elle se donne du mal, le troisième larron aussi mais ils semblent s’ennuyer ferme. Le scénario finit peut-être par les lasser. Moi-même, je ne suis pas loin de m’endormir...”

Beaudoin s’installa devant l’écran et prit la cassette en route : il n’y avait rien à comprendre. Lucile s’effeuillait en jetant des dessous de professionnelle à la tête de Louis Lannois de l’Institut tandis que Jean-Charles Balinaud roulait des muscles en marcel noir et string de toile cirée. La prise de son n’était pas exceptionnelle mais les dialogues n’apportaient pas grand chose en dehors de fantasmes d’humiliation, d’Histoire d’O pour troisième âge.

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