SOCIETE

Vent de révolte ou révolution ?

2 avril 2011

Big Society ? C’est nous, et nous sommes en colère !
A la manière de Tahrir Square, c’est Trafalgar qui était occupé le week-end dernier par les foules Britanniques de tous âges et couleurs politiques, unis contre la politique Cameron-ienne de coupes budgétaires.

Sur les panneaux, on lisait : « Battez-vous comme des Egyptiens, le pouvoir est au peuple ! », ou encore « Non aux ‘cuts’ ! », tandis qu’un demi-million de personnes défilaient dans les rues Londoniennes au son des tambours, des cornemuses et des chants en tous genre reprenant le refrain « Cut back, fight back ! ».

Pire que Thatcher

Le 26 Mars aura sonné l’alarme contre un gouvernement dont la légitimité bat de l’aile, avec la plus grande manifestation vue à Londres depuis les années de Thatcher -un parallèle qui aura fait rougir Cameron plus d’une fois-, surpassant même les milliers rassemblés contre la guerre en Irak. Ce n’est plus un pays inconnu et lointain que l’on attaque, mais toutes les maisons, toutes les familles et emplois de ceux que l’on appelle maintenant mainstream population [1].

Cette population dont Cameron voulait faire une big society, une société où les ressources communautaires et la responsabilité individuelle prennent le dessus sur les services publics relevant normalement de l’Etat. Et bien c’est fait. Il y a coalition, il y a cohésion – peut-être temporaire, mais efficace – dont le but seul est de combattre ce même Etat qui cherche à se débarrasser de ses responsabilités civiles. Et maintenant qu’elle existe, cette société, le gouvernement l’ignore et évite avec une arrogance surprenante de faire des commentaires sur ce renouveau social.

Un petit air de Woodstock

Le nom officiel donné par les syndicalistes à la manifestation, « March for the Alternative  », véhicule un message bien précis. La manifestation ne portait pas seulement sur la démission de l’Etat, mais sur l’idée qu’il existe des alternatives aux coupes budgétaires nécessaires à la reprise financière du pays. Au coin de Hyde Park, au Speaker’s Corner, point d’arrivée de la marche, on avait installé une scène, des écrans et des baffles surdimensionnées. L’endroit avait des airs de Woodstock, avec une foule massée par groupes sur la pelouse, sifflant, criant et applaudissant les discours des politiciens et des représentants socialistes. Parmi les propositions, on a entendu souvent répétée l’idée de la taxe Robin des Bois.

Prendre aux riches pour donner aux plus pauvres, avec Kevin Costner comme porte-drapeau, ça donne envie ! Evidemment rien n’est jamais si simple. Si l’on enlève tous les attraits des investisseurs à rester en Angleterre, l’économie ne s’en sortira pas mieux. Il s’agit donc de trouver un compromis délicat entre un capitalisme exacerbé et une justice sociale en perdition. Un travail difficile certes, mais une de ces responsabilité à laquelle la coalition Cameron/Clegg ne peut échapper. Les citoyens méritent bien que l’on considère des alternatives, avant de porter le coup fatal aux deux piliers de n’importe quelle société, l’éducation et la santé.

Tant que le gouvernement ne répond pas à ces demandes, le message est très clair. Le 26 Mars n’est qu’un début. Qu’on s’attende à une politique de ‘désobéissance civile’ très populaire dans notre Big Society.

Texte et photos : Sarah Ceriani

[1l’essentiel de la population

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