TEMOIGNAGES

La fête du Heiva à Tahiti

30 mars 2011

Une lettre de Tumata Robinson [1], , fondatrice de la prestigieuse compagnie de danse Tahiti Ora, qui prépare le grand festival du Heiva :

" Cette année, après 27 ans d’absence, Tahiti Ora se présente au grand
concours du Heiva I Tahiti 2011 - catégorie professionnelle_. Le Heiva I Tahiti, est l’un des plus anciens festivals du monde avec 130 ans d’existence !

Les dates ne sont pas encore établies par le gouvernement mais, habituellement, le concours du Heiva a lieu dans la première moitié de juillet.

Tahiti Ora se produira sur l’immense scène de To’ata [2] avec 200 artistes dont les 40 permanents.

Il y a plusieurs mois, j’ai écrit l’histoire qui est la trame du spectacle. J’en ai préparé la mise en scène et je me suis adjoint des professionnels pour travailler plus particulièrement sur les chorégraphies, écrire et composer les chansons ( aparimas ), les compositions percussions, les gestuelles puis faire tourner et encadrer tout cela en immenses répétitions.

Tahiti Ora est donc en répétitions deux à trois fois par semaine et des
heures durant, exclusivement sur ce spectacle, même si les autres répétitions qui concernent les grands spectacles hebdomadaires du vendredi soir au Méridien Resort continuent ! Il a tout d’abord fallu passer par des castings car, au départ, il y avait énormément de monde : plus d’une centaine pour 70 places chez les danseuses !

Ainsi , j’aurai sur scène 90 danseuses , 50 danseurs , 28 musiciens, 8 chanteurs, chanteuses et choristes, 28 danseuses plus" âgées " qui ont un rôle important dans l’histoire, un chef immense ( en taille ) avec ses gardes (12) avec, eux aussi, un rôle important sans oublier les " vedettes " principaux protagonistes de l’histoire, et les habilleuses et costumières, soit un peu plus de 200 personnes !!! Tous les artistes ont des années de pratique de la danse tahitienne.

Bref , un gros travail d’équipe à partir d’une ligne directrice claire, travail qui demande la concentration de tous et oblige chacun à travailler dur physiquement et à connaître parfaitement ses partitions.

Pour réussir tout cela nous évitons les tournées extérieures jusqu’en
septembre au moins.

L’atelier de confection de Paea [3],est devenu lui aussi une ruche : j’ai plusieurs personnes qui travaillent chaque jour sur
plus de ....4000 pièces de costumes qui serviront aux artistes. Le paradoxe c’est qu’à Tahiti, nous n’avons pas- comme en métropole- d’aides à la création artistique et même si le pays, organisateur depuis toujours de ce festival, prévoit des avances sur cachet, celles-ci sont toujours largement au-dessous des dépenses faites par toutes les compagnies de danse qui participent au concours.

Alors, c’est le royaume de la débrouille, la sagacité de certains sponsors
et la bonne volonté de " membre bienfaiteurs " !

Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi nous ne sommes pas plus aidés à Tahiti : le Heiva est une sacrée vitrine où viennent régulièrement Japonais et Californiens, adeptes du Ori Tahiti. [4]. Pour eux, ce Heiva est essentiel car ils pratiquent souvent la danse tahitienne dans leur pays respectifs et, à cette occasion, ils peuvent admirer les meilleurs. Il y a en effet une dizaine de compagnies de danse professionnelles en compétition, sur 2 semaines, puis les soirées des prix, les lauréats .... De quoi se régaler."

Tumata

Photos : Jean-Philippe Yuam

 

 

 

 

[1auteur de Comme deux navires qui se croisent dans la nuit ßelfond, 2008

[2place de Papeete, d’environ 14 000 m2, dont la moitié est une aire de spectacle. Les festivités du Heiva, autrefois organisées place Tarahoi, puis sur le quai des paquebots, restent l’événement le plus attendu

[3commune de la côte ouest de Tahiti

[4danse traditionnelle

MOTS-CLES :
Bookmark and Share flux RSS


form pet message commentaire
Qui êtes-vous ?