ACCESSOIRES

Diamants : secrets de tailleur

22 juillet 2012

Rencontre avec Elie Saghbini, tailleur de diamants et Meilleur Ouvrier de France, qui nous raconte l’histoire de la fabuleuse gemme qui fait toujours briller les yeux des femmes... et des hommes. De la taille "naïve" au brillant, en passant par la taille ancienne et la rose.

Si le brillant n’a pas toujours existé, le diamant n’a pas toujours été non plus « le meilleur ami de la femme » quoiqu’ait chanté Marilyn Monroe.

La parure des vainqueurs

A l’origine, il est même carrément masculin, c’est la pierre « invincible » (adamas en grec) celle que l’homme ne peut tailler. On l’offre aux guerriers, aux conquérants comme Gengis Khan. C’est la parure des maharadjahs. En France, Louis XIV est un collectionneur passionné : on lui connaît le « Sancy », le plus gros diamant blanc d’Europe (56 cts) qu’il portait généralement à son chapeau [1] et le « diamant bleu » (112 cts) qui servait d’épingle à ses cravates de dentelles. Détail intrigant et romanesque : on est à peu près sûr que ce dernier a refait surface après le vol du Garde Meuble de 1792 et qu’aujourd’hui il est connu sous le nom de diamant Hope, le fameux diamant maudit ! D’un poids de 112 cts à l’origine, il a été retaillé et n’en fait plus que 44,52 ct, sagement posé sur son coussin de velours du Smithsonian Institute où il ne peut plus porter malheur.

Croqueuse de diamants

Mais la reine la plus croqueuse de diamants est Marie de Médicis, loin de vant Marie Antoinette : l’inventaire de ses joyaux personnels décrit « un fabuleux ensemble de joyaux » dont « 11 538 diamants de toutes dimensions et formes » auxquels s’ajoutaient « 4000 petits diamants non comptés ». Impossible de savoir ce qui était considéré à l’époque comme « petit ». Quant à Marie-Antoinette et son fameux collier qui donna un excellent sujet de roman à Alexandre Dumas, et qui fut composé pour plaire à la reine, elle n’en voulut pas, ne serait-ce que parce qu’elle n’aimait pas les lourdes parures !

Enfin, le brillant

Quoi qu’il en soit, il a fallu attendre le début du XXe siècle, et Marcel Tolkowsky pour que soit définie la « taille idéale », le fameux brillant, résultat d’essais et de tâtonnements qui duraient depuis 80 ans environ : 57 facettes avec des angles, des symétries et des proportions intangibles qui font que toute la lumière qui entre par la
table soit renvoyée vers notre œil.
D’abord, il y a eu la taille dite « ancienne » qui ressemble à un coussin, carré, pas très régulier ni symétrique avec une grande ouverture de culasse, une facette en plus sous la pierre, qui donne l’illusion d’un trou noir puisque la lumière ne s’y réfléchit pas.
Il est intéressant de remarquer qu’aujourd’hui il existe un engouement pour ce type de tailles moins parfaites, moins formidablement scintillantes. Elie Saghbini fait parfois des fausses tailles anciennes, « du faux pas symétrique et pas très bien fait ».

Caprices de la mode

On lui demande aussi des « roses » et pour qu’elles fassent anciennes, il doit les rayer un peu, les « égriser » avec un autre diamant, puisque seul le diamant peut attaquer le diamant. Il s’agit parfois de remonter une parure dépouillée de ses pierres au fil des années et des problèmes d’argent. On lui apporte un squelette de diadème et c’est à lui de lui redonner sa beauté et son charme d’antan…Cela ne manque pas d’ironie quand il se souvient du relatif mépris pour la taille rose qui lui a été enseigné : la taille rose c’est ce que l’on fait avec des « chutes de clivage », c’est-à-dire les petites lamelles qui restent après que le cliveur ait ôté tout ce qui est fêlure naturelle et autre « glace » pour tailler un brillant. Et il ajoute que « pour renvoyer de la lumière, une rose doit être posée sur du « clinquant », une feuille d’aluminium qui fait miroir. »
Et, tout comme il se souvient du peu de cas que l’on faisait des « roses », Elie Saghbini a gardé en mémoire les diamants noirs, bruns ou tabac qu’il pilait pour en faire de la poudre pour polir les blancs !

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