Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 41 Sa Majesté des Brosses

    “S’il a des dossiers, où sont-ils ?” murmura-t-il.
    “Demandez-le-lui ! Il doit commencer à se ramollir un peu et avec de la chance, il vous répondra.”
    Il se décida brutalement à lui faire confiance.
    “Dans l’état où il est, cela m’étonnerait.”
    “Quel état ?”
    “Il est à l’hôpital dans le coma. Il a pris un médicament ou je-ne-sais-quoi ce matin. Sa fille l’a trouvé inanimé.”
    “Suicide ?”
    “Impossible à dire. Il semble qu’il n’ait pas été seul.”
    Elle éclata de son rire communicatif.
    “Non ! Ne me dites pas que la (...)

  • C’est vous la dingue ?

    “Vous n’avez pas obtenu ce que vous désiriez.”
    Alex le regarda :
    “Endosser la responsabilité de mon licenciement n’était pas compatible avec la lâcheté foncière de Lucile. Cela risque de coûter un peu cher de me mettre à la porte dans la mesure où il n’y a pas faute. Rien par rapport aux vedettes maison, mais un peu cher car je travaille ici depuis plus de dix ans.”
    Il hésita en regardant le profil penché vers l’eau dormante. Elle ne dirait rien de plus sur le sujet et pourtant une autre question lui (...)

  • 43 Dossiers compromettants

    Alex avait retrouvé toute sa verve et son impertinence :
    “J’ajoute que Lannois aurait été moins répugnant, je me serais fait un plaisir de le piquer à Lucile. Mais c’était vraiment au dessus de mes forces. La vérité est que, si je n’ai jamais souhaité la mort de Lucile, j’aurais adoré la voir virée du magazine. Dehors sur le trottoir avec ses crayons Bic, sa photo de Schéhérazade et son rétroviseur géant. Sans note de frais pour le taxi.”
    Ils marchaient vers l’Orangerie quand elle lui dit :
    “Vous n’avez (...)

  • 44 Une panoplie de princesse

    “Cela n’a pas dû être tous les jours facile de croiser la maitresse de Papa. De la fréquenter même. Surtout que ce n’était pas une maitresse discrète, elle avait une vraie panoplie de mère maquerelle : les fourrures, les bijoux, les parfums. Elle cliquetait...”
    “Vous êtes injuste : on m’a dit qu’elle avait été élevée...”
    “Dans le salon des Greffuhle ! Je connais cette histoire aussi.”
    “Votre amie Laetitia a fait des allusions peu charitables sur les origines de Mme Delarue en un, deux ou trois mots.”
    Alex (...)

  • 45 Entre Libourne et Tegucigalpa

    Beaudoin la regarda absolument suffoqué.
    “C’est contagieux la mythomanie ? Personne ne m’a parlé de son père, ni de Tegucigalpa.”
    “Personne ne le sait peut-être et je ne pense pas que cela ait grand rapport avec ce qui vous occupe pour l’instant. Je n’imagine pas un tueur latino débarquant rue Hautefeuille avec sa navaja”, déclara-t-elle en éclatant de rire.
    Elle le regardait d’un air ravi. Il l’avait soupçonnée. Il avait écouté les divagations de Marie Bouillot. Il jouait au jeune inspecteur copain, par (...)

  • 46 Crêpière ou vamp ?

    “Que souhaitez-vous alors ? Que Ginette prenne la direction de la rubrique ?”
    “Elle a dû vous dire qu’elle rêvait que nous la reprenions, elle et moi, mais je ne la crois pas. Si c’est elle, dans un mois, elle a la photo de son chat agrandie sur son bureau et le rétroviseur reprend du service. Elle glapit, soupire qu’elle n’est pas bien entourée et insulte la secrétaire. Merci, j’ai déjà donné.”
    “Alors qui ? Vous ?”
    “Ce serait une belle voie de garage mais je suis encore un peu jeune pour songer à la (...)

  • 47 Guêpière ou jupe plissée ?

    Beaudoin passa le plus clair de son week-end, ou de ce qu’il en restait, à parcourir les dossiers de Lannois. Ce dernier avait, semblait-il, collecté méthodiquement tous les détails susceptibles de jeter le trouble. Difficile de savoir ceux qu’il avait déjà exploités car ses livres ne couvraient pas encore l’ensemble de la IVe République. Avait-il contacté en bloc tous ceux qui avaient des petites indélicatesses à se reprocher ou le faisait-il à mesure de l’avancée de son œuvre ? Il l’imaginait plutôt (...)

  • 48 La mort rôde

    “J’ai rencontré Louis Lannois il y a quelque temps. Il venait de se remarier, je crois. Je l’ai vu à la fête des livres du Bon Marché. Il parlait avec un de mes anciens profs de fac, j’ai dit bonjour et voilà !”
    “Voilà ?”
    “Ecoutez, cette histoire ne me concerne pas. J’aurais dû partir en courant mais il m’a fait miroiter une intégration dans le groupe Saunders. Il l’aurait fait, j’en suis sûre. Comme pour madame Delarue. Saunders n’avait rien à lui refuser, disait-il. Mais elle a commencé à le faire suivre (...)

  • 49 Pilule, gélule et capsule...

    Elle sortit du sac Fnac une sorte de classeur ni très beau, ni très neuf avec la même défiance que s’il s’était agi d’une bombe à retardement. Beaudoin résista à l’envie de plonger pour s’en emparer.
    “Ensuite, il est parti dans un discours très compliqué sur le passé de certains qui n’était pas ce que l’on croyait, sur son travail et sa ténacité qui lui avaient permis de passer de journaliste de base à homme de confiance d’un patron de presse, sur le plaisir que cela ferait à quelques uns qu’il disparaisse lui (...)

  • 50 Amour ou ambition ?

    “Vous auriez pu faire venir des secours, non ?”
    “Mais je vous dis que Consuelo était là. Qu’est-ce qu’elle aurait raconté à tout le monde ! Surtout que la fille de Louis n’était pas loin...”
    “Vous auriez pu téléphoner au Samu d’une cabine.”
    “Je n’ai pas de carte.”
    “D’un café ?” continua-t-il implacable.
    Elle hoqueta :
    “Mais je ne pouvais pas. Vous ne vous rendez pas compte de l’effet que cela fait de voir un homme mourir. Je n’étais pas préparée à cela du tout. Je fais ce que je peux pour qu’il soit bien et (...)

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