Pages glacées

Et si on renouait avec une tradition journalistique ancienne ?

Si on conjugait pour rire, internet et feuilleton, dont chaque épisode se termine par "Aaah ! Mon Dieu !", "Non, pas ça !", "Toi ? Aaargh !"
C’est l’idée pour 2011 : un roman policier palpitant, dans le monde de la presse avec meurtre ignominieux.
Voici donc Pages Glacées pour les lecteurs du Monde comme il va : luxe, ragots et cruauté.
Trois fois par semaine.

  • 11 Le "Hameau" de Lucile

    “ Vous alliez souvent dans cette maison de campagne ?”
    “Presque tous les week-ends. Lucile s’y amusait comme une folle. Elle faisait faire des travaux pour rendre la maison confortable. Elle a commencé par installer des salles de bain, mettre des rideaux, de la moquette. Et puis elle s’est mise aussi au jardin. Elle voulait tout surveiller, l’arrachage des pommiers, la mise en place des parterres de lys, la serre pour orchidées...”
    Vogel ne chercha pas à calculer le coût de ces amusements très (...)

  • 12 Lacroix et Dries Van Notten

    De retour au bureau, il fit venir Beaudoin.
    "Alex Lombard, c’est bien cette journaliste qui t’a laissé tomber ce matin ?"
    "Platement."
    "Il parait qu’elle venait de s’engueuler avec Delarue. Je veux la voir demain. Retourne au journal. Interroge qui tu peux, l’assistante par exemple et demande les téléphones de toutes les pigistes."
    Beaudoin sourit en remarquant que son patron s’était déjà mis au jargon de la presse. Il était sûr que, la veille encore, il ne savait pas ce qu’était un ou une “pigiste” (...)

  • 13 Encore un peu d’humiliation ?

    Ginette se tut, les lèvres serrées pour montrer qu’elle ne dirait rien de plus sur ses relations avec la morte. Elle ne s’autoriserait aucun commentaire personnel mais peut-être en dirait-elle plus de façon détournée.
    “Comment s’entendait-elle avec les journalistes ?”
    “Il y avait des hauts et des bas. Un jour, l’une était bonne à jeter. Le lendemain, c’était une autre. Elle se plaignait sans arrêt qu’elles écrivaient mal et qu’elle devait tout rewriter elle-même.”
    “Rewriter ?”
    “Réécrire. Ce qui était (...)

  • 14 Les dessous de la rubrique

    Comme elle laissait traîner une semi interrogation dans sa voix, Beaudoin poursuivit :
    “Et votre avis ? C’est vous qui avez l’air de mieux la connaître finalement.”
    “C’est moi qui l’apprécie le plus et ne la jalouse pas. En fait, j’ai beaucoup de mal à voir Alex mendier pour des papiers. Mais cela faisait plaisir à Lucile de le croire...”
    “Vous l’imaginez comment ?”
    “Je ne sais pas. Elle avait quelque chose derrière le crâne.”
    “Et les autres ?”
    “Marie Bouillot pleurniche. Elle sait qu’elle n’aura plus (...)

  • 15 Claudine et les OVNIs

    Comme Ginette avait fini sa cigarette, Beaudoin la remercia de sa précieuse coopération et demanda à voir Claudine, la secrétaire.
    Celle-ci arriva, très intimidée. Elle était jeune et jolie, habillée de cuissardes sexy et d’une mini-jupe de cuir. Après le faux Chanel de Ginette, veste en tweed pastel gansé et boutons dorés, c’était étrange.
    Elle commença à lui expliquer qu’elle n’était là que depuis quatre ans mais qu’elle avait détesté Lucile au premier coup d’œil. Elle avait même regretté d’avoir accepté (...)

  • 16 Sortie de shopping

    Claudine tourna les talons et le laissa seul au milieu des vêtements bariolés, des paires de chaussures et des sacs poubelles remplis de collants, de chaussettes et de tee-shirts.
    Il sortit à son tour de la petite pièce qui empestait la Gauloise de Ginette et la sueur, puis alla frapper à la porte du bureau de Jeanne Riguidel. Elle était au téléphone et riait aux éclats, sa main libre jouant avec sa mèche acajou. Un jeune homme était assis sur la chaise en face d’elle, des pulls étalés sur les (...)

  • 17 Rendez-vous à la PJ

    Un soleil blanc éclairait la coupole du Val-de-Grâce. Alex n’avait pas envie de se presser : l’air était doux, les feuilles rousses des marronniers tapissaient les allées et les chrysanthèmes débordaient des vasques de pierre. Elle nota avec satisfaction que les tortues de la fontaine de Carpeaux avaient enfin retrouvé leurs têtes. Petit bonheur du matin.
    Lucile était morte, et alors ? Leurs chemins n’auraient jamais dû se croiser, c’était juste un retour à la normale. Le commissaire voulait la voir et (...)

  • 18 Quand baisent les hérissons...

    Vogel dévisagea la journaliste avec surprise.
    “Comment savez-vous cela ? Nous n’en avons parlé à personne.”
    “Mais si bien sûr, c’est la première chose que m’a dite Ginette Brons et cela m’a fait rire.”
    “Nous avons parlé de hérissons en agate, c’est tout ! Pas de hérissons qui baisent.”
    “Oui, d’accord, mais c’était bien eux, non ?”
    Elle ne semblait pas se rendre compte qu’elle avait fait une gaffe et qu’il allait d’autant moins la lâcher qu’elle l’horripilait .
    “Oui, mais comment le savez-vous ? Il n’y a (...)

  • 19 Paris, c’est chic !

    Dans la rue, les fourgonnettes pleines de vêtements encombraient le passage. C’était l’heure où le Sentier vibrionne. Clairement, beaucoup des hommes qui stationnaient d’un air faussement détendu au bord des trottoirs étaient en situation irrégulière. Ils attendaient quelque mystérieux signal pour débarquer des rouleaux de tissus des fourgonnettes et pousser les portants chargés de tailleurs ou de robes d’entrepôts en boutiques de gros. Beaudoin parvint tant bien que mal à se frayer un chemin jusqu’au (...)

  • 20 Les flics, c’est dans les films

    “Loulou ?” demanda Vogel qui ne connaissait pas encore le surnom de l’académicien.
    “Oui, Loulou, Louis Lannois dit Loulou-les-belles-noix. Le veuf, l’inconsolé...”
    “Vous ne semblez pas avoir beaucoup de respect pour M. et Mme Lannois,” déclara Vogel d’un air pincé.
    Alex reconnut l’exaspération qui montait et s’arrêta net.
    “Quand on côtoie les gens jour après jour, c’est parfois difficile,” reprit-t-elle d’un ton neutre.
    “Louis Lannois est académicien tout de même et je pense que cela signifie quelque (...)

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