JEUX DE MOTS

Au jour de demain ?

20 janvier 2011


L’époque est à la fois pompeuse et craintive, tendance Shadoks "pourquoi-faire-simple-quand-on-peut-faire-compliqué ? On adore les mots alambiqués et les formules embrouillées.

La faute au politiquement correct souvent, à cette peur irrationnelle que prononcer le mot fatidique ait le pouvoir de faire empirer, voir de créer, une situation. Nous ne reviendrons pas sur les mal-entendants et–voyants, qui poussaient Desproges à inventer les « mal-grimpants ». Il proposait aussi les décès à la suite d’ « une courte maladie rigolote » pour éviter la "longue maladie douloureuse" qui remplaçait déjà "cancer", deux syllabes magiques qui ont le pouvoir de faire bourgeonner les cellules malignes. Mais on ne meurt pas non plus, en tout cas pas à la télévision : « Le pronostic vital est engagé » ce qui veut dire plus ou moins « il (ou elle) est entre la vie et la mort ». Comme si une barrière de mots creux écartait le risque…

Dans le genre « je parle à la télé et je me prends les pieds dans les mots », on n’est plus bien sûr que les heures, c’est du temps : "Tout ça m’a pris une bonne heure de temps". Pour faire bon poids, on encombre un peu plus les phrases d’un gracieux « au jour d’aujourd’hui ». Employée autrefois ironiquement car tout le monde savait que c’était un pléonasme à double détente, elle tend à remplacer le simple « aujourd’hui ». En effet, si l’on y regarde à deux fois, « hui » signifie « aujourd’hui », comme « hoy » en espagnol.

On tente un « aujourd’hier » ? Un « au jour de demain ? » ? Et même pour les raffinés un "au jour d’aujourd’hier" ?

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