AIR DU TEMPS

Vélo or not vélo !

12 juin 2020

Covid aidant, la petite reine est devenue souveraine. Chacun veut enfourcher son vélocipède, se félicitant de pouvoir préserver sa santé en même temps que l’environnement. Plus un JT sans cyclistes euphoriques en train de pédaler…

Mais un engouement aussi fervent n’est-il pas sujet à déception ? Cyclistes présents ou imminents, posez-vous tout de même quelques questions.

Effet de mode ?

• Suis-je assez bien entraîné pour ne pas risquer l’accident au moindre dépassement ?

• Suis-je assez bien harnaché pour affronter une météo hostile : vent mauvais, pluie, grêle ?

• Suis-je assez bien équipé en accessoires indispensables : casque pour ma sécurité, anti-vol pour celle de mon vélo, kit rustines en cas de crevaison et sacoche pour transporter quelques effets personnels autrement qu’entre mes dents ?

On le range où ?

Sur ce dernier point, certains sont déjà suréquipés : ils se sont tournés d’emblée vers le vélo-cargo. Petit rappel pour les non initiés : le vélo-cargo est, grosso modo, la version contemporaine du triporteur : doté d’un spacieux conteneur qui le rend particulièrement volumineux, il permet de transporter, au choix, ses emplettes, ses bambins, son chien, etc.

Décidément, les possibilités du vélo sont sans limites. Ou presque, car le citadin se heurte rapidement à ces limites en rentrant chez lui. Son sweet home se trouvant le plus souvent dans un immeuble collectif, il va vouloir prudemment et légitimement, pense-t-il, pouvoir garer son vélo dans la cour dudit immeuble. Las ! les autres occupants ont déjà monopolisé l’espace resté disponible entre poubelles et poussettes…

Parking en ville

Renseignements pris, il se verra expliquer par les responsables de l’immeuble que l’hébergement des vélos (ne parlons pas des cargos !) est la quadrature du cercle : impossible, en effet, d’attribuer des droits à parking sans créer des inégalités. Même en cas d’existence d’un local vélos, il y a rarement autant d’emplacements que de prétendants aux emplacements… Le nombre de vélos autorisés par appartement devrait-il être fonction de la taille de l’appartement, du nombre de ses occupants ? Accordé aux propriétaires et refusé aux locataires. Ou inversement ? Que faire des vélos-ventouses restés fichés au râtelier comme des moules à leur rocher durant des années ? Sur quelle prise recharger son vélo électrique sans se faire accuser de vol de courant ? Que répondre au propriétaire du vélo top-niveau menaçant de traîner le syndic en justice, le moteur ou l’enjoliveur - quand ce n’est pas l’engin lui-même - s’étant volatilisé durant la nuit ?

Vous avez dit "futile" ?

On comprend alors pourquoi la question des abris à vélo est devenue prépondérante. Devenue ? Non, en fait, elle l’a toujours été, depuis que les vélos existent. C’est même là l’origine de la loi de futilité de Parkinson. Dont voici un petit résumé extrait de Wikipedia :« La loi de futilité de Parkinson ( Parkinson’s law of triviality) de Cyril Northcote Parkinson (1957) est une loi empirique selon laquelle les organisations donnent une importance disproportionnée à des questions futiles. Parkinson prend l’exemple d’un comité fictif discutant d’un projet de réacteur nucléaire et passant la majorité de son temps à discuter de problèmes relativement mineurs mais faciles à comprendre, comme le type de matériau à utiliser pour l’abri à vélos du personnel, tout en négligeant la conception du réacteur lui-même, une tâche bien plus importante, compliquée et difficile. »

Et si nous nous emballions un peu trop pour les vélos et leurs abris ? N’y aurait-il pas des questions plus importantes qui mériteraient notre attention et notre réflexion ?

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