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Passeport à vendre
27 mars 2019
Un nouveau business se développe au gré des peurs des très riches, des très malhonnêtes, des terroristes, celui de la vente de citoyenneté.
Bien sûr, on ne devient pas citoyen britannique ou français, ou allemand, ou espagnol comme ça… En fait peu de pays européens proposent ce service très particulier en dehors de l’Autriche, de Malte, de la Moldavie et du Montenegro.
Une île au soleil
Ce n’est donc pas une industrie aussi exotique que l’on pourrait le croire même si les Caraïbes restent l’une des principales régions du globe dont on peut s’offrir une citoyenneté moyennant finances : Antigua et Barbuda, la Dominique, Grenade, St Kitts et Nevis. [1]. Antigua fait une offre spéciale jusqu’au mois d’octobre, un rabais de 50% sur le prix habituel, ce qui nous met le passeport à $100000, ce qui n’est pas grand chose comparé au prix d’un avion d’affaires Gulfstream ou d’un yacht.
La peur du Brexit
Les demandes vont et viennent avec les évènements politiques et économiques : par exemple nombre de Britanniques se cherchent un point de chute en cas de Brexit comme le remarque Christian Kalin, patron de Henley & Partners, la plus importante agence de vente de citoyenneté basée à Londres. La menace de hausses des impôts, de contrôles de capitaux et de TVA sur les frais scolaires en poussent plus d’un à penser très fort à une porte de sortie. Le roi de l’aspirateur, Sir James Dyson et Sir Jim Ratcliffe, l’homme le plus riche du Royaume-Uni ont déménagé tout ou partie de leur business et vivent le plus souvent à l’étranger. Quant à Sir Rocco Forte, connu pour ses hôtels de luxe à travers le monde, il prévient qu’il partira aussi si Corbyn arrive au pouvoir et décide des hausses d’impôts draconiennes !
Beaucoup de Britanniques se sont déjà décidés pour un passeport irlandais alors que John Cleese a élu St Kitts et Nevis pour montrer son désaccord à la politique culturelle "toxique" de la Grande- Bretagne !
Escrocs et repris de justice
Mais tout n’est pas simple, en effet la plupart de ces pays conciliants ne publient pas la liste de leurs nouveaux citoyens. Tout le monde ne vient pas parce que Boris Johnson a vanté l’idée du Brexit : certains sont juste recherchés parmi les pires escrocs du monde par Interpol. Christian Kalin, ce Suisse à l’air propre sur lui, s’est donc bâti un empire en cherchant les pays intéressés par ce marché, tout d’abord le Canada (qui s’est retiré depuis), l’Autriche, Hong Kong mais c’est à St Kitts qu’il a trouvé le bon filon car l’industrie sucrière s’effondrait et que l’argent des passeports venait à point. Il a même encouragé les candidats à la citoyenneté à investir sur place. Les passeports sont donc à vendre également à Antigua, en Moldavie et Henley & Partners se sert au passage.
Tiré du supplément Culture du Sunday Times du 24 mars.
[1] Sans oublier Chypre, le Vanuatu, la Jordanie et la Turquie
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