TEMOIGNAGES

Gringolandia !

3 mars 2019

On ne pense pas toujours, en visitant New-York, à se rendre au Brooklyn Museum et pourtant que de belles expositions ! Infinite Blue est un hymne à ce bleu qui a plu depuis l’aube des civilisations et sur tous les continents : d’un bizarre chariot à vin en forme d’oiseau Phoenix chinois en émail cloisonné à la porcelaine de Sèvres en passant par le manteau d’une Vierge médiévale. Et voici dans une autre aile, Frida Kahlo. Les Apparences sont trompeuses.

Quoi de plus trompeur en effet que ce que nous croyons savoir de Frida Kahlo quand on voit de quoi était faite son quotidien, ce que cette très belle exposition au Brooklyn Museum, nous apprend.

Frida en apparence

Frida, la belle peintre mexicaine qui se représentait avec un sourcil unique et une légère moustache. Frida, la femme de Diego Rivera peintre communiste emblématique qui fréquentait Trotski et sa femme. Frida qui marchait toujours deux pas derrière son grand (et gros) homme. Frida, infirme et souffrante, avec son corset métallique et sa jambe artificielle, qui souriait toujours sur les photos. Frida qui découvrit ce qu’elle appela Gringolandia, ce qui n’était pas un compliment, et qui s’y trouva de vrais amis. Frida qui vint à Paris et en détesta les intellectuels, tout particulièrement les surréalistes dont elle méprisa la superficialité du fond du cœur.

Frida intime

L’originalité de cette exposition est qu’elle montre des tableaux, principalement des autoportraits puisque Frida Kahlo a été son sujet favori et sans aucun doute le plus disponible, puisqu’elle peignait allongée sur son lit d’hôpital en se regardant dans un miroir, mais aussi des objets qui ont fait sa vie et des photos. Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’éclat de son sourire, celui des fleurs piquées dans ses cheveux et ses tenues colorées. On découvre ainsi la curieuse coiffe de Tehuantepec, le resplandor, sorte de jupon passé autour de la tête formant une auréole de dentelle, qu’elle a immortalisé dans le fameux portrait En pensant à Diego réalisé au moment de son divorce. On verra aussi un grand choix de jupes longues et volantées qui cachaient son infirmité, des chemisiers chasubles traditionnels, larges pour ne pas laisser apparaître les corsets qui sanglaient son buste. Mais Frida ne manquait ni d’humour ni de sens de la provocation, lorsqu’elle les décorait, même d’une faucille et d’un marteau, comme si elle avait choisi elle-même de les porter, étranges accessoires de son élégance.

Frida la Mexicaine

On voit à ses tenues qu’elle était particulièrement fière de ses origines latino-américaines, voire même indiennes, lorsqu’elle se drape de rebozos [1] magnifiques et qu’elle porte de lourds colliers de jade. Parallèlement on voit les poteries précolombiennes et les sculptures olmèques dont elle décorait sa maison…Il est émouvant de se rappeler que, juste après sa mort en 1954, son mari Diego Rivera a enfermé la plupart de ses possessions dans une salle de bain de sa fameuse Casa Azul [2], aujourd’hui le Musée Frida Kahlo et que ce n’est qu’en 2004 que tous ces objets ont été retirés de leur cachette !

Un jour, un journaliste lui demanda : "Cela fait quel effet d’être mariée à un génie ?" Elle répondit simplement : "Demandez à Diego, lui seul le sait". Elle était toujours en retrait mais avait conscience de sa valeur !

[1châle

[2Maison bleue

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