Le polar qui vient du chaud

16 juillet 2017

Au moment de partir en vacances se pose toujours la question “mais que vais-je emporter à lire ? ”. Sur la plage, au bord d’un lac, d’une piscine, sous un olivier ou un tilleul, que lire de passionnant et distrayant ?
Vous avez déjà fait le tour des fameux “polars scandinaves”, Arnaldur Indridason, Camilla Läckberg, Jo Nesbo, Jussi Adler-Olsen, Stieg Larson et Henning Mankell bien sûr : l’âpre Islande d’Arnaldur I., les enquêtes du couple Erica Falck-Patrik Hedström à Fjällbacka de Camilla L., les beuveries de Harry Hole de Jo N., l’humour bienvenu de Jussi A. et ses héros improbables du Département V., le célébrissime Millenium et le talent hors pair des aventures de Kurt Wallander.

Direction Le Cap

Vous avez essayé Viveca Sten, Arni Thorarinsson et tous ceux qui surfent sur la vague (gelée) du polar scandinave ? Vous aimeriez un coup de neuf ? Une autre ambiance que des plaines balayées par les vents et des cadavres conservés sous la glace ? Alors embarquez vous avec Deon Meyer, l’extraordinaire auteur de polars sud-africain, des polars écrits en afrikaans mais traduits Dieu merci ! C’est fascinant : histoires impeccables se passant dans une nature inattendue, avec des personnages issus de toutes les populations de ce pays (presque) exemplaire au sud du Sahara. Le dernier en date, En vrille, traduit par Georges Lory, se passe dans la région du Cap, chez ces Boers viticulteurs de Stellenbosch, descendants des Huguenots français chassés par Louis XIV, qui parfois s’appellent du Toit ou Joubert. D’autres ont pour cadre le veld comme L’âme du chasseur ou Le Pic du Diable avec son terrible héros Thobela Mpayipheli et l’inspecteur Benny Griessel… Tous sont formidables !

Direction Le Caire

Autre dépaysement, toujours loin du pôle nord, les livres signés Parker Bilal auteur anglo-soudanais qui écrit aussi sous son vrai nom de Jamal Mahjoub. Parker Bilal nous emmène au Caire, en compagnie de Makana, un ancien policier soudanais qui a dû fuir son pays quand les islamistes radicaux sont arrivés au pouvoir avec Omar-el-Béchir. Au Caire où il exerce le métier de privé, Makana vit sur une awama, sorte de péniche amarrée au bord du Nil et fume des Cleopatra. Si vous avez vu l’excellent Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh, vous en retrouverez l’ambiance déglinguée et baroque. Comme Deon Meyer, Parker Bilal écrit très bien, avec élégance et sait évoquer avec ce qu’il faut de lyrisme la capitale égyptienne et sa population hétéroclite. Il mêle savamment l’intrigue policière à la politique sans jamais écraser l’une ou l’autre. Du grand art ! On aime Les écailles d’or, Meurtres rituels à Imbaba, Les Ombres du désert et on va peut-être lire les suivants en anglais puisqu’ils ne sont pas encore traduits !
Et les évocations de côtelettes d’agneau grillées changent agréablement des filets de harengs marinés, non ?

Tweeter