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Jours tranquilles à Bamako

14 octobre 2013

Au Mali, la guerre est finie, plus ou moins. Les élections ont eu lieu et la vie reprend à Bamako. Petite promenade au bord du Niger...

C’est la fin de l’hivernage et les pluies d’orage qui se déversent sur Bamako n’arrangent pas la circulation. En dehors des grands axes goudronnés, les rues sont défoncées et les voitures slaloment pour essayer d’éviter les trous d’eau dans la latérite détrempée.

Bamako, un désordre infini

Les ordures s’accumulent le long des rues. Sur une colline de détritus, animaux et de humains fouillent dans l’espoir de trouver quelque chose. En prévision de la Tabaski, la fête de l’Aïd, des béliers aux longs museaux à l’égyptienne et aux cornes recourbées sont parqués dans les terrains vagues et contre les maisons dans un indescriptible désordre…

Avec les années, Bamako qui compte 2 millions d’habitants –certains disent 3- s’étend à l’infini et les embouteillages qui nous attendaient sur le pont sur le Niger sont partout. La circulation est incessante du lever du soleil au coucher et l’odeur des pots d’échappement envahit l’air ambiant. Sur les bords du fleuve, ce ne sont que bidonvilles misérables et canaux d’irrigation mal entretenus.

L’ONU aux commandes

Il faut dire que Bamako est devenu la ville où il faut être si l’on travaille dans l’humanitaire : la terre entière débarque au chevet du Mali, et les deux grands hôtels ont été réquisitionnés : la MINUSMA (Mission des Nations unies au Mali) a cassé toutes les salles de bains de l’hôtel de l’Amitié pour les remplacer par des bureaux. Mais c’est promis, quand elle partira, on remettra les baignoires. En ville, on reconnaît de loin les membres de la mission : ils circulent tous dans des voitures blanches, de préférence de gros engins militaires, avec UN écrit en noir. Il y a quelque chose de romain dans ce déploiement : comme l’antique proconsul, le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations unies, un ancien ministre hollandais de la Coopération, a tout pouvoir et toute autorité sur les civils et les militaires envoyés par l’ONU. Quant aux Américains, ils sont au Radisson, un autre monde, sans un Français, avec une foule d’experts prêts à enseigner aux Maliens ce qu’ils connaissent depuis longtemps…
Le 31 août, il y avait plus de 6000 membres du personnel de l’ONU en uniforme déployés au Mali, 5200 militaires et 809 policiers, ce qui explique que lorsque l’on va au restaurant par exemple, on découvre toutes sortes d’uniformes inconnus puisque il en vient d’Allemagne, du Bangladesh, du Bénin, du Burkina Faso, du Cambodge, de la Côte d’Ivoire, des États-Unis d’Amérique, de Finlande, de France, du Ghana, de Guinée, de Jordanie, du Libéria, de Mauritanie, du Niger, du Nigéria, du Royaume-Uni, du Sénégal, de Sierra Leone, de Suède, du Tchad et du Togo ! Quant aux civils, on n’a pas encore les chiffres.

Retour à la vie

Mais les affaires reprennent. Après deux ans durant lesquels personne n’osait venir, où les hôtels et les restaurants étaient fermés, c’est l’opulence, ou presque, pour un peuple de commerçants comme les Maliens. Ils ont repris leurs activités, sillonnent la ville en voiture ou sur leurs motos chinoises, toutes les mêmes ou en taxi jaune. En effet, New York n’a pas l’exclusivité du yellow cab, ici ce sont d’improbables Mercedes cabossées, bourrées à craquer, reconnaissables à leur calandre et peinturlurées de jaune vif !

L’électricité pour tous

Les habitants de Bamako sont dans l’attente : les élections se sont bien passées et le président a fait des promesses à tout le monde, de la droite à la gauche, des laïques aux fondamentalistes, et maintenant il va falloir agir. Mais la population n’a qu’une envie : avoir de l’électricité. Le temps de la lampe tempête est révolu. C’est la principale revendication dans ce pays où les ampoules à basse consommation sont partout mais où la société nationale d’électricité est très mal gérée. Elle est déficitaire car les prix sont trop bas mais si on les rajuste, ce sera l’émeute.

Du côté français, peu de civils et des militaires regroupés dans un camp. Mais la plupart de nos effectifs sont à 1000 km de là, à Gao pour combattre les islamistes. A l’ambassade, la simple clôture a fait place à des sacs de sable et des blocs de béton. C’est un camp retranché truffé de caméras de surveillance.

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