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Le Panthéon mal aimé
10 septembre 2013
Difficile d’aimer le Panthéon. Au sommet de la montagne Sainte-Geneviève avec son dôme gris-blanc posé sur des colonnes, avec son petit air de Capitole américain, "petit" air, tout petit. On le voit de loin quand on retrouve Paris. Il est là avec la tour Montparnasse, la tour Eiffel et le Sacré-Cœur. Dans l’ordre que l’on veut. Dôme pour dôme, on a le droit de préférer la meringue de Montmartre, en pierre qui ne ternit jamais.
Donc le Panthéon est encore plus navrant que d’habitude avec ses échafaudages et ses grues parce que son toit s’envole, sa façade s’effrite et ses coupoles se raplatissent. Difficile de savoir à quoi ressemblait l’œuvre de Soufflot mais sans doute pas à cet énorme cénotaphe où s’empilent des boites de marbre pleines de grands hommes. La République a un vrai talent pour le pompeux car, à l’origine, cet édifice devait être un chef d’œuvre de légèreté.
C’était une église dédiée à Sainte-Geneviève, la patronne de Paris, commandée par Louis XV. La lumière y coulait à flot des 38 fenêtres qui ont été rebouchées depuis pour en faire ce mausolée majuscule. Le dôme était peint en bleu et or, et le fronton de Coustou ne pouvait être que moins ennuyeux que celui de David d’Angers, spécialiste des grandes tartines monumentales.
En fait, c’est un monument mal aimé depuis le début puisque l’on craignait que le dôme (en fait trois dômes de pierre superposés) soit trop lourd pour les colonnes malgré les calculs. D’autre part, avec la Révolution, les changements ont commencé alors qu’il n’était pas tout à fait achevé. Repris à Sainte Geneviève à la pour abriter les "grands hommes", on dit que certains corps, dont celui de Voltaire et Rousseau, y ont été volés.
Quant à la suppression des fenêtres, elle perturbe la ventilation du bâtiment : elle accroît en particulier le taux d’humidité et se trouve à l’origine des fissures et de l’érosion des structures métalliques, en particulier celles que Soufflot avait fait mettre pour attacher les pierres les une aux autres et qui compensaient l’énorme poids.
Aujourd’hui, ce bizarre monument hybride reste le seul temple républicain de France avec une croix qui domine le dôme et une sorte d’autel laïc dans le fond.
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