SANTE

Alerte au gluten !

9 juillet 2013

Mis à part les nutritionnistes et quelques malades, personne ne sait exactement ce qu’est le gluten. Pourtant aujourd’hui des voix s’élèvent pour nous exhorter à l’éviter, par exemple celle de Julien Venesson qui sort un livre : "Gluten. Comment le blé moderne nous intoxique" [1], une enquête sur les manipulations génétiques opérées sur le blé. Explication.

Le gluten est une protéine trouvée dans les céréales dont le blé, bien sûr [2], base de notre "pain quotidien". Il est important de noter que le titre s’en prend au "blé moderne" car il semble que les beaux épis dorés qui symbolisent la vie, le renouveau, la nourriture universelle, la terre "donnant plus de blé qu’un meilleur avril", aient beaucoup changé au fil des "progrès" de l’agriculture moderne. Nos ancêtres se contentaient d’un petit grain aux quatorze chromosomes alors que nous consommons des mutants à quarante deux chromosomes, dont le génome a été modifié pour résister au froid. Il a été tellement croisé, recroisé et rétrocroisé que nos ancêtres du paléolithique ne le reconnaitraient pas ! Bref ce nouveau blé mis au point pour nourrir la population mondiale en croissance est tout à fait autre chose et ses mutations ne sont pas nécessairement bonnes pour notre santé.

On a tous entendu parler des malades qui ne supportent pas du tout le gluten, atteint de la maladie cœliaque, mais il semble que, en dehors d’intolérance absolue, beaucoup de troubles de l’intestin, en particulier, soient causés par notre pain quotidien qui provoque une inflammation de nos villosités intestinales chargées de l’assimilation des aliments que nous absorbons. Le côlon devient irritable et souvent les médecins en accusent le stress. Alors on prend un petit anxiolytique mais rien n’y fait et, d’ailleurs, qui n’est pas stressé ? Certains chercheurs, français, australiens, argentins, allemands, ont préconisé alors un régime sans gluten et les symptômes se sont nettement amélioré.

L’auteur, un journaliste, passe en revue les maladies et/ou ennuis de santé dont on commence à rendre le gluten responsable : polyarthrite, vieillissement, schizophrénie, acné, psoriasis... Effectivement, il est tentant d’abandonner le gluten, sauf qu’il est partout dans notre alimentation et que si on laisse tomber le lait de vache parce que notre système digestif ne le tolère pas, la viande parce qu’elle est une catastrophe pour l’écologie et qu’elle est trop grasse... la vie devient compliquée. Bien sûr, on peut se jeter voracement sur le riz, le sarrasin, le millet, l’amarante, le sorgho, le fonio et le teff pour remplacer les céréales honnies. On peut adopter les légumineuses : lentilles, haricots rouges, pois cassés et pois chiches, et les tubercules : patates douces, manioc, tarot, igname, panais dont, nous dit Julien Venesson, "sont friands les indigènes de Kitava" [3] mais ce n’est pas simple. Parce que nous ne sommes ni à Kitava [4], ni au paléolithique.

On peut s’efforcer de baisser sa consommation de gluten, du moins quelques temps, ne serait-ce que pour voir si l’on se sent mieux, et lire cet ouvrage, "Gluten. Comment le blé moderne nous intoxique", pour comprendre que tout ce que nous mangeons a de l’importance. En bien, ou en mal.

[1Editions Thierry Souccar, 15 € 70

[2Mais aussi le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, le kamut

[3Voir p.161

[4En Papouasie-Nouvelle-Guinée

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