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Quel avenir pour le Mali ?

25 avril 2013

Alors que l’Assemblée Nationale a voté à l’unanimité pour la poursuite de l’opération française au Mali, certains intellectuels, dont Michel Onfray, s’insurgent sur la disproportion entre l’énormité des moyens engagés et le résultat. Pour lui, François Hollande “ne comprend rien” : il fait une “grande” guerre “de type napoléonien” contre des gens qui mènent une “petite” guerre “menée par une poignée de combattants dépourvus du matériel de haute technologie de l’armée française [1]. Il ne peut donc arriver à aucun résultat.

Il est vrai qu’il y a eu 4000 hommes sur le terrain pour une opération qui, en tout, a mobilisé 6000 hommes du côté français. En ce qui concerne la “haute technologie” il est certain que tous les rebelles du monde peuvent acquérir la dernière technologie des salons, plus facilement que l’armée française. Il leur suffit de payer cash alors que l’armée française est victime du système des appels d’offres officielles et du manque de budget comme on l’a déjà constaté en Côte d’Ivoire en 2004.
L’opération au Mali n’a pu se faire qu’avec l’aide d’alliés capables de transporter le matériel militaire français et même de faire le ravitaillement en vol des avions, sans parler de notre retard proverbial en matière de drones. Les véhicules de l’armée française sont si vieux que beaucoup sont tombés en panne mais l’avantage c’est qu’ils ont été réparés très facilement et que la “rusticité” du soldat français a permis de ratisser le Tibesti et d faire l’équivalent de Paris-Moscou [2] par 40° en transportant chacun 10 litres d’eau par jour.
Il est vrai que les fondamentalistes musulmans se sont dispersés dans les espaces sahariens, de l’Atlantique aux oasis libyennes. L’un des résultats de l’opération Serval est que la Libye et le nord du Niger deviennent naturellement le nouvel épicentre d’activités terroristes à mesure que le nord Mali est nettoyé. Mais il y a aussi d’autres résultats : on a détruit des bases secrètes terroristes et déstructuré le trafic de drogue (cocaïne). D’autre part, on a remis l’autorité étatique à Tombouctou et à Gao ce qui n’est pas rien, même si cela ne fait pas plaisir à tout le monde !
Le problème demeure que cet état était très mal accepté par une partie des populations du nord pour de multiples raisons culturelles aussi bien qu’économiques. Et si l’état malien ne se réforme pas, il est certain que tout peut recommencer parce qu’il y a d’importants foyers de radicalisme islamique entre Tombouctou, le lac Tchad et le nord du Nigéria où étaient retenus les otages français enlevés au nord Cameroun.
La situation dans le Sahel reste extrêmement tendue mais c’est avant tout aux Africains eux-mêmes de réformer leurs états et leur société. Aucune stabilisation durable ne pourra venir d’une intervention militaire venue de l’extérieur mais ce serait bien pire si la France n’était intervenue pour empêcher la prolifération de pouvoirs islamistes faisant régner la terreur avec un minimum de combattants.
L’ONU a voté le 25 mai une résolution autorisant le déploiement de 13000 casques bleus au Mali qui prendront le relais des forces françaises en juillet. Espérons que ces troupes internationales seront aussi efficaces que l’armée française et qu’il y ait un réel dialogue politique au Mali sans lequel rien ne tiendra jamais.

[1Le Monde du 23 avril, p.17

[2Bamako-Kidal

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