SOCIETE

La chasse aux albinos

6 mars 2013

Le Monde [1] : Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, s’est déclarée "horrifiée" par une recrudescence des attaques contre les albinos en Tanzanie, liées à la sorcellerie. Qu’en est-il réellement ?

Il semble que l’arrivée en Afrique des Européens aient eu une conséquence inattendue, tout comme celle de Cortès et des cavaliers espagnols en Amérique latine. Ils ont été pris pour des êtres surnaturels. En Afrique, et tout particulièrement dans le monde bantou, ils sont passés pour les fantômes des ancêtres, pour des revenants aux pouvoirs immenses. Il est en effet impossible de savoir si les albinos étaient traqués avant l’arrivée des Blancs mais on peut imaginer l’étonnement suscité par leur arrivée quand on lit les comptes rendus des Européens découvrant les Africains ! Surprise pour tout le monde et crainte aussi, sans le moindre doute.
L’intérêt fut tel qu’aux dires des Hollandais, le roi de Loango disposait d’une garde albinos "instruits en sorcellerie" !
Comme le remarque Navi Pillay, ces attaques n’ont pas d’autre but que de faire des fétiches, tout comme les jumeaux qui sont considérés également comme des phénomènes anormaux, fascinants et très puissants.

Ce qui frappe aujourd’hui, c’est la recrudescence de la sorcellerie en Afrique en général pour des questions d’accès au pouvoir et de rivalités politiques, tout particulièrement en Afrique orientale et dans les pays des grands lacs. Que cela se passe en Tanzanie, autrefois laboratoire vertueux du socialisme à la Julius Nyéréré, est d’autant plus choquant. Mme Pillay a déploré que sur 72 meurtres de ce genre recensés depuis 2000, seuls cinq ont abouti à des poursuites judiciaires.
Le 8 mars 2010, la site Rue 89 notait que Tuer un albinos, ça rapporte. On parle de 2 000 dollars pour un bras.
On voit apparaitre des associations d’albinos qui offrent des lieux où les malheureux peuvent se mettre à l’abri des tueurs envoyés par les sorciers et, si les enfants sont les plus recherchés, les adultes ne sont pas non plus totalement à l’abri.

Voir à ce sujet un livre très complet :
Le Mythe de l’Albinos dans les Récits Subsahariens Francophones, Tsevi Dodounou, LIT Verlag Münster, 2011

Voir également le site de la Salif Keita Global Foundation : http://www.salifkeita.us/

[15 mars 2013

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