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Demain le Mali
1er février 2013
C’est toujours une surprise de voir la France déployer ses avions, ses hélicoptères et ses camions « pour de vrai » ! Nous avions eu la Libye, grande ivresse tricolore avec BHL, cheveux au vent. Cette fois-ci, après avoir juré que nous attendions que les armées africaines soient prêtes, nous voici au Mali, acclamés par les Maliens ravis d’être débarrassés des islamistes. Alors maintenant, on fait quoi ?
Idéalement, il faut reconstruire l’état qui a disparu depuis … bien longtemps. En effet, lorsque le président a demandé son aide à la France, il était sur le point d’être éjecté par l’armée et la fameuse « démocratie malienne » n’était qu’une façade. Il n’y a plus d’administration, plus de politique, plus rien qui tienne debout. Il faut des élections et, pour cela, commencer par établir des listes électorales correctes : personne ne connaît le nombre d’électeurs. Les spécialistes pensent qu’il y en a environ un million en trop !
Une société castée
L’un des problèmes du Mali est qu’il y existe, comme nombre d’autres pays, des oppositions ethniques mais aussi raciales entre les « blancs » (Maures, Arabes et Touareg), les « noirs » (Malinke, Songhai et Bozo) et les « rouges » (Peuls). Il faut également parler d’une société de castes, différente de celle de l’Inde, mais reposant sur le même principe de l’interdiction des inter-mariages. A l’intérieur d’une ethnie, toutes les castes ne se valent pas : certaines professions sont considérés comme inférieures, les forgerons par exemple, et les griots, comme dans l’ensemble du Sahel. Certains comme les Bozo, les pêcheurs du fleuve Niger, sont même des sortes d’intouchables. Quant aux Touareg , tout comme les Maures, ils sont divisés entre guerriers, religieux, hommes libres et esclaves. Et bien sûr, du fait des règles matrimoniales, tout cela reste d’actualité, même si la parenté « à plaisanterie » [1] permet aux communautés ethniques de cohabiter pacifiquement.
Comment (re)construire ?
Il n’y a pas à craindre des massacres massifs comme au Rwanda où un groupe s’en prenait à un autre, mais les règlements de compte ont commencé et des milices ethniques se constituent çà et là pour se défendre tant que l’armée n’est pas au point. Notons d’ailleurs une grande animosité de la part des militaires du fait des exactions commises par les Touareg et les islamistes l’an dernier. Impossible donc de partir après une victoire éclair et laisser le Mali se débrouiller avec tous ses problèmes. On peut craindre tous les dérapages imaginables, règlements de compte, attentats, tripatouillages électoraux…
[1] Le fait que deux peuples se moquent l’un de l’autre de façon ritualisée pour éviter les affrontements physiques
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