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Aux portes du pays Dogon

24 janvier 2013

Il y a deux ans Paris célébrait la culture des Dogons à travers une très riche exposition du musée du quai Branly. Aujourd’hui, l’armée française installe une base aux portes du pays dogon, à Sévaré, près de Mopti et non loin des falaises de Bandiagara, où sont édifiées les célèbres habitations, greniers et sanctuaires découverts par Marcel Griaule dans les années 30

Classé en 2003 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le pays dogon est, pour le Mali en particulier et pour l’Afrique en général, le symbole du tourisme intelligent, celui qui donne aux voyageurs l’impression de rencontrer quelque chose de l’Afrique éternelle et sa mise en danger par le conflit qui secoue actuellement le pays serait effectivement tragique. Mais malheureusement, cette éventualité n’est pas à écarter d’office dans la mesure où les Dogons ont déjà affronté les Peuls en mai dernier à la frontière avec le Burkina Faso : ils auraient fait une trentaine de morts du côté peul et 1000 aurait fui la région.

Maintenant que la guerre est passée à la vitesse supérieure avec l’arrivée de troupes françaises et africaines, et un grand déploiement de matériel, on peut en effet craindre pour la sécurité de cette enclave culturelle remarquable. Rappelons que les Dogons s’étaient réfugiés au XIV e siècle sur le plateau et les falaises de Bandiagara pour échapper à l’islamisation et, après des siècles de paix et une reconnaissance mondiale de leurs traditions, les revoici au centre d’un conflit. Le 14 janvier, la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, exhortait les forces militaires à protéger les sites culturels au Mali lors des raids aériens et interventions terrestres : "Je demande aux forces armées de tout mettre en œuvre pour protéger le patrimoine culturel du pays, déjà gravement endommagé... Le patrimoine culturel du Mali est un joyau dont la protection importe à l’ensemble de l’humanité. Ce Patrimoine est notre bien commun, rien ne saurait justifier qu’on y porte atteinte. Il est porteur de l’identité et des valeurs de tout un peuple. La destruction en 2012 des sites du Patrimoine du Mali, notamment les mausolées à Tombouctou, a suscité une vague d’indignation légitime dans le monde entier, contribuant à faire prendre conscience de la situation critique de la population. L’intervention militaire actuelle doit permettre de protéger les populations et de sécuriser le patrimoine culturel malien. »

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