On dort à la chapelle

7 octobre 2012

C’est sans doute la première fois qu’une ancienne chapelle devient un hôtel 4 étoiles et d’ailleurs il y a peu d’églises transformées en appartements ou en commerces en France. Surtout par rapport à d’autres pays d’Europe.

L’exception française

Cette rareté s’explique par la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La propriété des biens ecclésiastiques était retirée à l’Eglise pour la confier aux collectivités locales. Paradoxalement, ce qui visait à persécuter les catholiques français s’est avéré bénéfique à terme dans la mesure où l’entretien est devenu de plus en plus couteux et que l’argent des fidèles n’aurait pas suffi à prendre en charge toutes les réfections indispensables. En revanche, les églises édifiées après 1905 restent à la charge des diocèses pour lesquels les choses sont de plus en plus difficiles puisque beaucoup sont en béton et que ce matériau se dégrade rapidement.
Aujourd’hui, le patrimoine français est immense : 45000 églises communales et 2500 diocésaines. Si on ajoute les chapelles et les sanctuaires, on parvient à 100000 et les communes commencent elles aussi à avoir de sérieuses difficultés financières. Et seules 150 églises ont été désaffectées depuis 1905 : 30% ont été détruites, 5% vendues comme habitations et 44% pour un autre usage.

DJ à l’église

On assiste à quelques reconversions originales chez nos voisins européens : en Ecosse, un restaurant-pub et une boite de nuit, au Pays-Bas, une église supermarché, en Belgique, des chambres d‘hôtes et au centre de Bruxelles, l’église Sainte-Catherine devrait être transformée en halle aux fruits et légumes. L’Italie, malgré la présence du Pape, s’est permis tout de même de faire de San Giuseppe Della Pace à Milan une discothèque où s’organisent également des défilés de mode.
En France, à part la boite le Marlowe à Nantes, les églises et chapelles deviennent souvent des lieux culturels, des bibliothèques, des salles d’exposition, de théâtre [2] ou de concert, des musées [3] comme à Berlin qui a installé des sculptures dans une église construite par le grand architecte Karl Friedrich Schinkel entre 1824 et 1830.
Autre solution, les logements sociaux même s’il n’est pas toujours facile de faire des appartements rationnels sous les hauts plafonds des édifices religieux.

4 étoiles chez les Jésuites

A Poitiers donc, l’ancienne chapelle des Jésuites a d’abord abrité les archives et en 2010, c’est le groupe hôtelier Accor qui s’en porte acquéreur pour la transformer en hôtel. Le résultat est très réussi : 50 chambres [4] pensées par l’architecte François Pin et décorées par le cabinet de design, Design By O, lumineuses et raffinées dont certaines offrent une vue imprenable sur Poitiers [5] plus huit chambres « Privilège ». Parallèlement, le restaurant Les Archives, en souvenir de l’ancienne affectation des lieux, prend place dans la partie basse de la nef et du chœur de l’ancienne chapelle.

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