TOURISME

Bains de mer à Etretat

6 juillet 2012

Souvenirs d’un temps où les bains de mer se prenaient habillés, où les premiers trains emmenaient les Parisiens aux plages les plus proches, où l’on gardait une exquise pâleur … La côte d’Albâtre en 2012 conserve intact son charme un peu suranné et très précieux.

La côte d’Albâtre est le bord de mer du pays de Caux, du département de la Seine Maritime, ancienne Seine inférieure qui se sentait mal aimée avec cette infériorité. Elle est ce mur de falaises calcaires surplombant une mer aux tons de turquoise qui claque et s’infiltre entre les galets. Si plus personne ne s’y baigne habillé, personne n’affronte pieds nus ces plages paradoxales. C’est le règne des méduses en plastique qui ont remplacé les espadrilles lacées sur les chevilles des grands-parents fondateurs des stations balnéaires qui s’échelonnent de valleuse en valleuse. Les villas de style anglo-normand cachent dans les hautes futaies leurs clochetons et leurs tourelles, leurs mosaïques de silex et de brique, à la fois orgueilleuses et secrètes.

Etretat la mondaine


La plus célèbre station est bien sûr Etretat, toujours spectaculaire avec ses « grandes arches naturelles sous lesquelles la mer vient battre dans les marées » qu’admirait Victor Hugo. Guy de Maupassant, un voisin, venait montrer ses muscles sur le Perrey [1], Offenbach s’y reposait de la Vie parisienne. Maurice Leblanc envoyait Arsène Lupin parcourir la falaise d’Aval à la recherche l’Aiguille creuse. Les impressionnistes [2] trempaient leurs palettes dans les nuances sans fin des silex roulés par des millénaires de vagues, des à-pics de craie et de glaise mêlées et des talus herbeux encerclant les clos-masures [3].
Malgré le tourisme, Etretat a gardé sa poésie et rien ne peut gâcher ses somptueux couchers de soleil sur la mer qu’on les admire de la terrasse du Dormy House [4] ou du domaine Saint-Clair [5].

Crémation à l’aube

Etretat c’est aussi des histoires étonnantes comme celle de Bapu Sahib Khanderao Ghatay, cousin du prince de Baroda qui mourut subitement. Les Etretatais avaient pris l’habitude de le voir, lui et sa suite, se baigner aux Roches Blanches tous les matins. Un jour, le prince se mit à souffrir des gencives. Le mal empira en peu de jours, l’inflammation puis l’ulcération s’étendit à la gorge, suivies de gangrène. Le médecin appelé ne put que constater l’état du mourant pour que sa suite l’allonge à même sur le sol pour qu’il puisse rejoindre la terre, sa mère. La religion hindouiste exigeant que le corps soit brulé sur un bûcher le jour même, on demanda au maire la permission de faire la cérémonie sur la plage. Embarras du malheureux devant une demande aussi inattendue qu’exotique qui se tourna vers le préfet. Pas de réponse là non plus et le maire craignant une possible contagion de ce mal venu de loin prit la responsabilité de permettre la crémation.
C’était une fraiche soirée d’automne, on jouait des valses et des polkas au Casino. Le bruit courut que le prince venait de mourir à l’hôtel des Bains et personne ne le crut. Au milieu de la nuit on éleva un bûcher, on y déposa le corps, les pieds en direction de son pays, on l’arrosa de douze bouteilles de pétrole… A l’aube ne restait qu’un tas de cendres. [6]

Etretat avec Claude Monet

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[1promenade le long de la plage

[2Les peintres Bonington, Delacroix, Courbet, Monet, Corot, Boudin et les autres vinrent peindre à Etretat et dans la région

[3fermes traditionnelles du pays de Caux qui ont gardé le plan des fermes vikings

[402 35 27 07 88 et www.dormy-house.com

[5Tél. : 02 35 27 08 23 et www.hoteletretat.com

[6Lire la nouvelle Le Bûcher de Guy de Maupassant, témoin de la scène

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