SANTE

Gynécologie et politique

16 avril 2012

Le Monde comme il va a déjà évoqué [1] le problème de la disparition progressive de la gynécologie médicale, spécialité française qui nous assurait la meilleure surveillance et la prévention la plus efficace des pays développés. Aujourd’hui, à la veille de l’élection présidentielle, le CDGM [2] adresse aux candidats une lettre-mémorandum.

Il faut rappeler en effet que la gynécologie médicale a été supprimée, purement et simplement, du cursus universitaire en 1987. Dix ans plus tard le CDGM a été fondé devant le véritable danger que cette disparition faisait courir à la santé des femmes. Une pétition qui a recueilli plus de 3 millions de signatures et a donné lieu à 3 manifestations nationales, a abouti à la création d’un diplôme, rétablissant ainsi cette spécialité qui permet aux Françaises d’être parmi les mieux soignées au monde : le nombre de cancer de l’utérus a été divisé par quatre en 20 ans, la survie après un cancer du sein est l’une des meilleures d’Europe et le taux d’hystérectomie y est de 6,7%, alors qu’il est entre 35% à 45% chez nos voisins ! Ces résultats sont, sans aucun doute, le suivi personnalisé des femmes, la visite chez le gynéco pour la prescription de contraceptif étant toujours l’occasion d’un contrôle général, palpation des seins, frottis…etc C’est le moment où les femmes se confient et font part de ce qui les gêne ou les fait souffrir. Les relations entre un(e) gynécologue et ses patientes sont quelque chose de très particulier qui passe les années, les bébés, les petites infections et les gros soucis et rien ne peut remplacer ces rendez-vous privilégiés.

Pourquoi s’inquiéter si la formation a été rétablie ? Parce qu’après 17 ans d’arrêt complet, la France ne forme qu’entre vingt et trente gynécos par an pour tout le territoire et le Conseil National de l’Ordre des Médecins rapporte qu’il y a moins de 7,6 gynécos pour 100 000 femmes ! Ces effectifs ne permettent qu’au quart des femmes en âge de consulter d’avoir accès à un spécialiste. Contre 60% en 1997. Résultat ? Les délais d’attente ne cessent de s’allonger, jusqu’à 6 mois et même un an, et les jeunes filles n’auront sans doute plus de gynécos sauf si leurs mères les « pistonnent » auprès du leur. Inutile de rappeler les risques encourus en cas de diagnostic retardé !


Roselyne Bachelot que l’on a peut-être connue mieux inspirée, prône le « transfert des tâches vers d’autres professionnels de santé » soit une véritable régression. On irait voir les sages-femmes, les généralistes et les pharmaciens, comme autrefois. Quelles que soient les qualités des uns et des autres, qui pourra dire que l’éducation et la prévention en matière de contraception auprès des jeunes filles seront aussi bien faites par les pharmaciens ? Ne risquent-ils pas d’être juge et partie et une officine est-elle le meilleur endroit pour se confier ? Une sage-femme est-elle formée pour diagnostiquer précocement les pathologies autres que celles de la grossesse ? Et les femmes parleront-elles aussi librement avec leur généraliste ?

Ce sont toutes les questions que le CDGM a posées aux candidats, questions peut-être plus cruciales que la révision du permis de conduire. C’est toute une politique de prévention et d’excellence qui serait saccagée dans l’indifférence si les femmes ne réagissaient pas,, car, ne nous trompons pas, si les femmes se sentent moins entourées, moins soutenues, qui dit qu’elles continueront à être les championnes de la fécondité que les autres pays occidentaux nous envient !

Dessins de Petit Saule

Pour en savoir plus, lire la lettre aux candidats et signer la pétition, rendez vous sur www.cdgm.org.
Vous pourrez aussi y lire les réponses.

Retrouvez Petit Saule et ses dessins sur http://toutseulsoupresque.blogspot.fr et http://petitsaule.blogspot.fr/

[2Comité de Défense de la Gynécologie Médicale

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