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Streetwear, boubou et banania

31 janvier 2012

Bêtise, ignorance, paresse... difficile de comprendre comment une journaliste a pu écrire, sans se poser de questions, que la "communauté afro" a été "longtemps arrimée à des codes streetwear",mais " a enfin intégré les "codes blancs" ! Audrey Pulvar a été choquée mais ce n’est pas la seule.

Mon amie Clé est new-yorkaise, comme je suis parisienne et elle a autant de risque de porter du streetwear que moi des jupons mauves et des culottes fendues de danseuse de Cancan.

Quand Clé veut faire cool, elle porte un jean bien coupé pour ses jambes sans fin avec des Keds marine.
Clé ne fait jamais ethnique. Le boubou, elle ne connaît pas plus que moi le nœud de taffetas des Alsaciennes. Ses origine, c’est la ville et c’est exactement à ça qu’elle ressemble, une citadine. Une urbaine chic qui connaît tous les codes de la ville.

Non, elle ne porte pas de bijoux clinquants non plus. Quand elle rêve de bague, ce sont celles d’Anna Rossi, une créatrice milanaise qui fait des anneaux très fins avec des diamants taillés en rose. La taille brillant, elle trouve ça… banal ? Too much ?

Alors non, Clé n’a pas attendu Michelle pour quitter ses wax et ses locks. Même si elle ne fait pas partie non plus de cette haute aristocratie africaine américaine parce que, voyez-vous, la ravissante Clé a un peu de sang caraïbe. L’aristocratie noire c’est comme le Jockey Club : Giscard n’y serait pas accepté. Moi non plus d’ailleurs !

Clé est la classe incarnée. Son père faisait partie de cette bourgeoisie noire qui comptait des avocats, des écrivains, des dentistes, des acteurs ou des chirurgiens comme lui. Il avait une voiture avec chauffeur car il ne se rendait pas à sa clinique de Harlem en tipoye et quand il avait des mondanités, il portait un smoking.

Michelle Obama est dans cette tradition et son élégance n’a rien de surprenant. Clé se souvient encore des sorties de messe de son enfance avec toutes les femmes habillées et chapeautées.

Connaissez-vous Madame Walker, la première milliardaire noire américaine ? En 1914, C.J. Walker s’était bâti un empire dans la cosmétique ce qui lui permit d’acheter aux enchères un certain nombre de meubles ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette !

On peut comprendre qu’Audrey Pulvar soit tombée de sa chaise en lisant le magazine Elle parce que le streetwear ne doit pas être son truc non plus…

Photos de Michelle et Barack Obama, de Lena Horne et de Halle Berry

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