MODE

J’ai testé pour vous… l’image d’or

24 octobre 2011


L’Apoxyomène de Lysippe

Le coaching est à la mode, comme si nous ne savions plus décider par nous-même de ce qui nous convient comme vêtements, alimentation, maquillage, gymnastique, hobby, coiffure, partenaire sexuel, marque de sardines à l’huile, religion… Et qui dit coaching, dit coach. J’en ai testé un. Ou une plutôt. Son truc c’est l’Image d’or.

Tout d’abord, je suis allée au rendez-vous pas maquillée, à peine coiffée, sans bijoux ni accessoires. Une page blanche. Très blanche en cette saison. T-shirt immaculé Fruit of the loom, Levi’s noir et baskets. Anonyme. Valérie n’avait plus qu’à imaginer ce qui était le mieux pour moi.

Elle est toute mignonne Valérie, il paraît qu’elle a fait une école de looking et qu’elle a travaillé dans la coiffure. Et elle s’est mise à me parler de sa trouvaille, le nombre d’or. La fameuse équation qui permet de trouver enfin le trésor de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château et qui prouve que les Aztèques étaient des aliens. Le nombre d’or, celui de l’harmonie universelle, de la création, de Dieu. Le rapport entre la hauteur de la pyramide de Khéops sur le carré de l’hypoténuse et l’âge du capitaine. Le nombre d’or est d’abord un truc de matheux repris par des pseudo- magiciens qui y trouvent les justifications de tout et n’importe quoi. Bref, Valérie me dégaine le nombre d’or et me l’applique aussi sec : « un corps, c’est huit têtes ». Huit ? Pour tout le monde ? La Française de 1m 63 (en moyenne) et Adriana Karembeu ? Oui, quatre têtes pour les jambes et quatre têtes pour le reste. Il ressort de ces mesures que je suis bas du cul et qu’il va falloir mettre toute mon énergie à le faire oublier…

Soyons honnête, elle ne m’a pas dit que ça, ni en ces termes, mais « ça » n’est pas aussi indiscutable qu’elle aimerait nous le faire croire, Valérie. Le coup des huit têtes nous renvoie au canon grec. Pas grec comme Papandreou, grec comme Lysippe, portraitiste d’Alexandre le Grand. Il avait décidé en effet que le Beau pour un corps humain, était de faire huit têtes, comme son Apoxyomène.

Avant lui, Polyclète avait choisi sept têtes pour son Doryphore, deux fois entre les genoux et les pieds, deux fois dans la largeur des épaules et deux fois dans la hauteur du torse. Et puis il y avait ceux qui préféraient sept têtes et demi qui leur semblaient se rapprocher le plus de l’être humain. Ces théories sont tout à fait intéressantes et la recherche du Beau très respectable mais elle s’applique à des statues et il ne doit y avoir que peu de personnes qui correspondent à ce Beau idéal, ce Beau de marbre blanc de la Grèce classique !
Ajoutons que les superhéros feraient huit têtes et demi.
Ouf ! Je ne suis pas Hulk non plus !

En résumé, je ne suis pas allée plus loin avec Valérie mais j’imagine qu’elle donne de bons conseils aux jeunes femmes qui se cherchent encore, en terme de couleurs, de maquillage et de style. Apparemment, elle leur enseigne à avoir la main légère avec les fonds de teint et les fards à paupière et c’est certainement utile, surtout quand on entre sur le marché du travail… Ce qui n’était vraiment pas mon cas.

Le Doryphore de Polyclète

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