SANTE

Dukan & co

23 septembre 2011

Connaissez-vous le yoyo ? Non pas le jouet, le régime… L’euphorie de perdre ces affreux kilos qui nous encombrent l’horizon suivi du désespoir de les voir revenir inexorablement ramper sur nos cuisses, fesses, bras et ventre pour s’y incruster.

J’ai mis très longtemps avant de céder aux sirènes des magazines féminins : Perdez 5 kilos en 5 jours ou Un ventre plat pour danser la lambada. Sans doute parce que je travaillais dans ce milieu et que j’ai eu des consœurs « soignées » par Dukan. Pierre Dukan le magnifique qui n’avait écrit alors que Les hommes préfèrent les rondes moins incitatif que Comment j’ai perdu 10 kg en trois mois. Les sus-évoquées consœurs parlaient de lui comme d’un gourou « Tu sais ce qu’il m’a dit ? Si je continue, il ne s’occupe plus de moi ». A part ça, elles engouffraient mystérieusement des marmites de fromage blanc à 0% avec des louches d’Aspartam !

Protéine, mon amie

A l’origine du yoyo, il y a toujours plus ou moins un régime protéiné. Mon premier m’a été prescrit par un micro-nutritioniste, ce qui ne veut pas dire qu’il était tout petit mais qu’il s’intéressait aux micro-nutriments. Il aurait dû m’expliquer que les kilos, ça ne l’intéressait pas du tout et que mon « problème », les cinq énormes kilos qui me pourrissaient la vie, lui était indifférent. Il m’a proposé – non, imposé - le minimum syndical, le régime qui marche obligatoirement dans un premier temps, les sachets de bouillasse, salée pour faire croire à une soupe et/ou une purée, et sucrée pour le dessert. Le professeur Machin, de Bichat, fait ça pour ses obèses alors pour une petite joueuse comme moi, cela allait être trop facile. La caution de l’hôpital plus l’autorité souriante de ce sosie d’Eliott Gould jeune et je commandais mes premières boites. Cela coûtait une vraie fortune : vider le compte en banque a toujours une vertu thérapeutique, symbolique. J’ouvre les mains et me sépare de mes possessions terrestres, mon blé et ma graisse. C’est beau comme Harpagon qui lâche enfin sa cassette, comme Bill et Melinda Gates finançant une fondation, comme Donald Trump offrant sa moumoute pour une vente aux enchères … non, ça je viens de l’inventer. Bref, je me dépouille, il me dépouille et je maigris. Vite.

En peu de semaines, la vue d’un milkshake ou d’un smoothie me fait vomir tant mes « préparations protéinées » leur ressemblent avec un fort goût chimique révulsant au sens propre. Mon estomac se retourne comme un gant de vaisselle. Dans le même temps, je commence à ressembler à Mère Teresa, les yeux creux et brillants, les traits jaunes et tirés, et une indiscutable démarche de mémé épuisée.

Le fait est que je suis hyper-contente. Le fait est aussi que le retour dans le monde des vivants, dans le monde de la vraie nourriture dans de vraies assiettes, m’a coûté mon enthousiasme fébrile et ma sveltesse. En cinq à six mois, ma courbe de poids a repris sa grimpette et Mère Teresa s’est fortement remplumée.

Médecin pour dames

Quelques années plus tard, car il m’a fallu me remettre de cette expérience aussi pénible qu’humiliante, je demande à mon gynéco s’il connaît un bon nutritionniste. J’arrive devant le Dr Maboul qui, en fait, n’est pas nutritionniste du tout, et commence ainsi ma deuxième partie de yoyo. En fait, c’est un typique médecin pour dames, plein d’onction et de supériorité pour parler avec un petit oiseau frivole comme moi. Il me répète les choses plusieurs fois pour être certain que j’ai bien compris que le gras faisait grossir et que les sachets de protéines, c’était Beurk. J’essaie de lui expliquer une ou deux choses mais il m’interrompt fermement : il se fout des médicaments que je prends, de l’âge que j’ai, de ma taille, de mon poids. Il ne souhaite même pas que j’ôte mon manteau et mes moufles. C’est un extra-lucide. Je m’en remets à son système, le meilleur, que je dois suivre à la virgule près. Non je n’aurai aucune explication, c’est trop compliqué pour moi. J’accepte mon nouveau statut de blonde et en route. Et ça marche. Toujours des protéines bien sûr, mais des vraies, pas des poudres i. Les repas tout protéines, je n’aime pas beaucoup car, avec mes deux neurones de colibri, j’ai lu que… Non, je ne lirai plus, d’ailleurs je ne sais pas lire.


Cette minceur-ci a tenu plus longtemps. J’ai rendu mes voisines de bureau hyper-jalouses car je n’étais ni jaune, ni épuisée. Elles me détestent encore, bien après que les kilos soient revenus. C’est toujours ça de gagné !

Aujourd’hui, j’essaie une nutritionniste, labellisée à l’hôpital Pompidou. J’ai attendu de revenir de vacances pour aller la voir et je ne cherche pas à perdre tant de kilos en tant de semaines. Je voudrais juste que la tendance à la hausse s’inverse. Elle m’a pesée, impédancemetrée, mesurée le bourrelet et dit que les fibres piégeaient les lipides. que deux douzaines d’huîtres correspondaient à 100 gr de steak, que 1gr de glucides « coûtait » 3 calories et 1 gr de lipides, 9 calories… A suivre !

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