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Facebook, l’exhib’ en ligne !
19 septembre 2011
On lui donnerait le Bon Dieu sans confession à Alexandre des Isnards, co-auteur avec son ami Thomas Zuber, de"Facebook m’a tuer" [1]. Ils avaient déjà cartonné avec "L’Open Space m’a tuer" devenant brusquement les nouveaux papes de l’ergonomie au travail et ils remettent le couvert avec une balade dans le monde virtuel qui laisse songeur .
En fait, ces deux-là, Alexandre des Isnards et Thomas Zuber sont les vrais petits moralistes du XXIe siècle car Facebook leur sert de prétexte pour jeter un regard mi-amusé mi-exaspéré sur notre société. Pour tout dire, leur évocation d’un monde où chacun se doit d’être cool, positif, et toujours sur la brèche pour s’enthousiasmer d’un « Trop top » à n’importe quelle déclaration sans intérêt d’un « ami », avec plein de guillemets, est la version moderne des écrits de Pascal sur le divertissement.
T’es mon ami, dis ?
Urgence permanente, sans aucun temps mort, grâce au pianotage frénétique sur le clavier dans l’espoir de générer n’importe quoi, n’importe où, une « notification » ou deux, si possible, ce petit chiffre rouge en haut à droite qui signale que quelqu’un a laissé un message, a dit quelque chose ou vous demande d’être son « ami ». Quelqu’un quelque part pense à moi ! Oui, j’existe. Vive le happening permanent.
Comme les auteurs l’écrivent très justement dans le chapitre « Narcisse 2.0 », nous sommes à la recherche d’un miroir planétaire qui nous rassure sur notre capacité à être aimé. Internet, dis moi quel est le plus populaire ? Moi avec mes 1347 amis ? C’est si bon de se regarder dans les cris d’admiration des autres : « tu c ke té tro bellllllle. Lol ».
Vive le labourage sur écran !
Peur du silence, de la solitude, de l’ennui, de la réflexion qui pourrait se mettre en route toute seule et mener on-se-sait-où, à on-ne-sait-quelle interrogation, tout est bon à prendre. Notre chapitre préféré est celui sur « Farmville », ou comment perdre son temps, sa vie et son énergie à faire pousser des tomates virtuelles après avoir labouré virtuellement -mais une partie de la nuit quand même- un potager virtuel. Tout le monde s’y met, l’étudiant qui termine sa thèse, la patronne de PME et la femme au foyer. En se débrouillant bien, on se fait des « amis » cyber-jardiniers dans d’autres fuseaux horaires et on peut jouer non stop ! Ne plus se coucher, ne plus voir d’amis, c’est-à-dire se déplacer pour rencontrer des vrais gens IRL [2]. Le clou de cette quête à l’aubergine virtuelle est de gagner un « éléphant de cirque » ! L’intérêt vous échappe ? Vous êtes encore du côté lumineux de la Force !
L’amour en trois clics
Une grosse partie du livre est consacrée aux rapports hommes-femmes, ce qui n’est pas Facebook au sens strict mais qui entre dans cette espèce de course aux relations qui n’engagent à rien tout en rassurant sur notre pouvoir de plaire. On connait Meetic bien sûr mais Meetic a engendré beaucoup de petits, pas tous très sympathiques ! C’est la consommation étendue à la vie sentimentale ou sexuelle avec ce site à l’intitulé délicat www.adopteunmec.com. Dans ce genre de (non) relation, celui qui montre le premier signe d’humanité a perdu. Le début de l’amorce d’une ébauche d’attachement signale la fin de la relation. Ecrire « je t’embrasse » au lieu de « biz », et c’est le largage assuré. Pas d’engagement, on suit son chemin sans s’accrocher, l’essentiel étant de « ne pas se prendre la tête ».
Comment concilier peur de la solitude et peur de l’engagement ? S’entourer d’une sorte de nuage d’amis, présents sans l’être, à portée de clavier mais pas de téléphone, théoriquement disponibles au cas où on aurait vraiment envie de se voir. C’est l’ami à la demande comme la télé à la demande. Cela rassure tout en laissant libre. Cool !
Serge Tisseron a inventé un mot pour caractériser cette nouvelle attitude, l’extimité ou désir d’exposer sa vie intime. Avec Internet, tout ce qui restait caché dans les pages d’un journal joliment relié, fermé par un petit cadenas s’étale sur nos écrans, youpeeee !
P.S. Il parait qu’Alexandre des Isnards et Thomas Zuber sont amis pour de vrai !
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