37 Qui a forcé le coffre ?

19 avril 2011

Ravie de cette perfidie, Consuelo tourna les talons et regagna la cuisine tandis que les deux policiers se décidaient à pénétrer dans le bureau du maitre. Depuis la fin de la matinée, les équipes s’étaient relayées pour faire des prélèvements et on pouvait entrer sans brouiller les pistes possibles. Les papiers qui couvraient la table avaient été bouleversés. Certains étaient sur le sol, d’autres, froissés, avaient voleté çà et là. Louis Lannois avait dû sentir les premières douleurs quand il écrivait. Il s’était levé et avait entrainé dans sa chute quelques pages de son manuscrit. Que pouvait-il avoir envie d’écrire alors que sa femme était à la morgue ? Beaudoin essayait de s’imaginer à sa place. Se jetterait-il dans le travail ? Recevrait-il sa maitresse ? Répondrait-il à ses lecteurs ? Se suiciderait-il ?

Le long des murs étaient alignés des classeurs à dossiers suspendus. Il y en avait des centaines et Vogel les pointa à Beaudoin :
“Tu manques de lecture ? Voici de quoi occuper des longues soirées solitaires. La solution à notre problème est peut-être bien dans ces chemises cartonnées.”
“Il n’aurait pas pu avoir tout sur disquettes comme tout le monde, j’aurais dépouillé ça chez moi !”
“L’Institut n’est pas précisément un vivier de perdreaux de l’année, au courant des techniques modernes, si tu l’ignorais encore. Mais ce que je ne vois pas, c’est le coffre-fort dont m’a parlé sa fille. J’imagine que c’est là que doivent se trouver les dossiers importants. Je ne veux pas te faire lire des mètres cubes de paperasses si les seules choses intéressantes sont ailleurs.”


Alice Macloux les attendaient dans le salon. Elle avait enfilé son manteau et leur déclara qu’elle partait pour Cochin. Elle leur apprit que le coffre était dissimulé derrière la gravure du Port de Bordeaux par Joseph Vernet mais qu’elle en ignorait la combinaison. A son avis, seul son père la connaissait mais vue la vétusté de l’engin, elle ne doutait pas instant que la police puisse en venir à bout. On sentait qu’elle regardait beaucoup les feuilletons à la télévision.
Ils trouvèrent sans peine le coffre et n’eurent pas à jouer aux détectives de séries américaines. La porte était ouverte.

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