19 Paris, c’est chic !

9 mars 2011

Dans la rue, les fourgonnettes pleines de vêtements encombraient le passage. C’était l’heure où le Sentier vibrionne. Clairement, beaucoup des hommes qui stationnaient d’un air faussement détendu au bord des trottoirs étaient en situation irrégulière. Ils attendaient quelque mystérieux signal pour débarquer des rouleaux de tissus des fourgonnettes et pousser les portants chargés de tailleurs ou de robes d’entrepôts en boutiques de gros. Beaudoin parvint tant bien que mal à se frayer un chemin jusqu’au métro.
Quand il retrouva Vogel, celui-ci lui désigna du menton le bureau où attendait Alex Lombard.
“Elle est là. De mauvaise humeur, j’imagine. Je l’ai coincée sur l’arme du crime qu’elle connait, alors que nous ne l’avons décrite à personne. Cela ne fait pas d’elle la coupable mais on s’est un peu énervé elle et moi.”
Beaudoin s’amusait beaucoup de voir son chef empêtré dans des histoires de femmes mais garda son sérieux. Quand il ouvrit la porte, elle se tourna vers lui et fit une mimique qui indiquait son impatience. Elle ne dit rien, apparemment décidée à ne plus provoquer inutilement : ses achats de bulbes sur le quai de la Mégisserie étaient à ce prix.
“Pourriez-vous nous expliquer comment vous saviez que l’arme du crime était ce couple de hérissons en train de...
Elle laissa filer un soupir exaspéré :
Mais je n’en savais rien du tout. En revanche, je savais que Lucile avait une statuette de ce type et il y avait peu de chance pour qu’elle ait une collection de statuettes de hérissons en agate.
Elle se mit à sourire, un peu désolée d’avoir agacé Vogel au point qu’il ne la laisse même pas s’expliquer.

“Vous aviez vu la statuette chez Lucile ?”
“Non, non. Je ne suis jamais entrée chez elle. Un jour elle m’a demandé de l’aider à porter un arbre en pot envoyé par une boutique. J’ai eu l’autorisation de grimper les étages à pied derrière mon buisson mais elle m’a laissée sur le palier.”
“Où aviez-vous vu la statuette ?”
“Je n’ai peut-être pas vu celle-là exactement. Le mâle avait-il des lunettes en or ?”
Beaudoin et Vogel qui les avait rejoint se regardèrent sans comprendre.
“Celle que je connais était en devanture d’un joaillier de la place Vendôme, ce qui m’a fait beaucoup rire ! Imaginez le temple du bon goût à la française qui expose des couples de hérissons en train de s’enfiler. Irréel, non ? Et le mâle avait un pince-nez en or. J’ai dit ma surprise à la directrice de la boutique qui m’a répondu que je devais connaître cette statuette puisque c’était le cadeau de la maison à Mme Delarue pour la dernière parution dans le numéro de Fêtes des Mères. J’ai trouvé cela encore plus drôle, surtout quand on imagine Lucile et son Loulou avec ses binocles !”

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