SANTE

Nos gynécos médicaux (suite)

10 mars 2013

Frémissement sur le front de la gynécologie médicale, comme quoi la détermination et la persévérance peuvent porter leurs fruits ! Après des années de mobilisation, de lettres aux ministres qui se sont succédé, de signatures de la pétition que vous avez signée (ou que vous allez signer ! ), voici peut-être le début de l’amorce de quelque chose de positif pour les femmes. Enfin à condition que les déclarations de principe soient suivies de décisions concrètes. Merci le CDGM [1] !

Un peu d’histoire

Petit retour sur les faits : en 1986, la spécialité « gynécologie médicale » est supprimée du cursus universitaire. La gynécologie médicale, spécificité française à ne pas confondre avec la gynécologie obstétrique axée sur les accouchements et la chirurgie. La gynécologie médicale qui s’occupe de la vie intime des femmes tout au long de leur vie explique les bons chiffres de la santé des Françaises : 6,7% d’hystérectomies contre 20 à 30% chez nos voisins européens et 40% aux Etats-Unis, par exemple !

En 1997-1998, création du CDGM, mobilisation exceptionnelle des femmes sur sa pétition, et en 2003, restauration de la spécialité avec le DES de gynécologie médicale après 17 ans d’interruption.

Questions au Sénat

Le souci est l’énorme retard pris pendant ces 17 années, d’autant qu’aujourd’hui on ne forme qu’entre 20 et 30 gynécos par an alors qu’en 2012, il y a eu 62 départs. La moyenne d’âge des gynécos est élevée : 86,6 % d’entre eux ont plus de 60 ans, il faut donc enrayer ce mouvement en remplaçant au minimum ceux qui partent à la retraite et ceci très vite si on ne veut pas que s’étendent les déserts médicaux en France.

La bonne nouvelle est que le CDGM a ameuté les parlementaires en leur envoyant des lettres de témoignages et obtenu ainsi une séance de questions le 14 février au Sénat. La ministre, Marisol Touraine, qui, aux dernières nouvelles, préconisait de se faire prescrire sa contraception par son généraliste ou par une sage-femme, a dû répondre à des sénateurs très concernés par le problème. Globalement, elle a reconnu, pour la première fois, que la gynécologie médicale était indispensable au bien-être et à la santé des femmes, ce qui n’est pas si mal.

Les actes après les paroles ?

Bien sûr, ce ne sont encore que de bonnes paroles et il ne faut en aucun cas relâcher la pression car la situation est vraiment grave : plus de 30 millions de femmes sont en âge de consulter (plus de 15 ans) et un quart seulement le pouvait encore au 1er janvier 2011, faute de praticiens. Les délais pour obtenir un rendez-vous sont de plus en plus longs et le vieillissement de la population augmente le nombre de femmes à risque. En outre, la répartition est très inégale et si vous habitez l’Alsace (0,3 pour 100 000 habitants femmes), la Champagne-Ardenne (1 ,8 ) ou la Bourgogne (2,2), vous avez encore moins de chances de trouver un gynéco pour répondre à vos questions. Mieux vaut vous installer à Bordeaux ou en région parisienne !

Paris et la couronne

Même si, de ce côté-là non plus, tout n’est pas rose : à Fontenay-sous-Bois, jusqu’à 6 mois d’attente pour un RV. Plus un(e) seul(e) gynéco à Ivry depuis 2008. La croyance que la région parisienne est surdotée, est une légende. Disons que la situation y est pour l’instant moins dramatique qu’ailleurs, mais à chaque diffusion de pétitions sur les marchés, comme des cabinets ferment, des femmes viennent demander où s’adresser...

Merci à Petit Saule pour ses dessins

[1Comité de Défense de la Gynécologie Médicale

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